Afrique : Pierre Jacquemont : "l’Afrique est créancière du reste du monde!"

Samedi, Novembre 16, 2019 - 18:45

L’Afrique surendettée, et pourtant l’Afrique créancière du monde, selon Pierre Jacquemot, économiste et ancien ambassadeur de France.

Un paradoxe qui se résout avec un simple constat: "celui de la fuite des capitaux illicites, au montant faramineux, contre lequel une approche juridique et économique est recommandée"' indique l'ancien ambassadeur France. Il note que les flux de capitaux illicites qui quittent chaque année l’Afrique vers le reste du monde surclassent l’argent injecté dans le continent. L’ancien diplomate s’exprimait à l’occasion du panel d’ouverture de la 12e édition du forum Medays, à Tanger au Maroc. "Il y a une très forte évasion fiscale, les chiffres l’estiment entre 50 et 150 milliards [de dollars] par an"' a-t-il précisé. "Cela signifie une chose, c’est que l’Afrique, loin d’être débitrice, est peut-être créancière du reste du monde! Si on tient compte de ces sorties massives de capitaux se faisant par différents mécanismes, le continent pourrait être dans une position créancière vis-à-vis du reste de la planète. C’est-à-dire que le reste du monde resterait toujours redevable vis-à-vis de l‘Afrique", a insisté l’ancien diplomate français.
Pierre Jacquemot a également évoqué la question du financement, manifestement insuffisant, des Objectifs de développements durables (ODD) et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
En faisant une estimation du déficit du financement du développement, Pierre Jacquemot relevait que le modèle d’accumulation du capital de l’Afrique (pouvant atteindre près de 500 milliards de dollars) était insuffisant pour réaliser les ODD et cheminer vers l’agenda 2063, dont les coûts sont estimés au double. Pour pallier ces difficultés, il appelle à une approche à la fois juridique et économique.
"D’un point de vue juridique, cette situation n’est pas normale et appelle un certain nombre de mesures pour lutter contre l’évasion illégale de capitaux. Mais ça passe, également, par des mesures d’amélioration des milieux d’affaires africains. À ce moment seulement, les capitaux trouveront un intérêt à rester en Afrique et à trouver des investissements rentables", a-t-il déclaré.

Noël Ndong
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