Face à la dégradation de la situation sécuritaire due aux attaques récurrentes au Mali, au Niger et au Burkina Faso, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni le 20 novembre, à New York.
Des militaires de la force G5 Sahel ainsi que le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Alpha Barry, ont participé à la réunion semestrielle de l’ONU. L’assistante du secrétaire général à l’Afrique, Bintou Keita, a également présenté ses recommandations, alors que la force va bientôt célébrer ses deux ans d’existence.
En outre, elle a expliqué qu’au cours des six derniers mois, la sécurité s’était considérablement détériorée dans la région du Sahel, du fait d’attaques attribuées à des groupes terroristes ou revendiquées par eux. L’assistante du secrétaire général a cité plusieurs de ces attaques meurtrières parmi les plus récentes: des civils et de soldats, une quarantaine, tués le 6 novembre à Boungou, dans le nord du Burkina Faso; près d’une centaine d’éléments des forces de sécurité du Burkina, du Niger et du Mali tués au cours des dix derniers jours dans une série d’attaques visant le triangle du Liptako-Gourma; vingt-quatre soldats maliens tués le 18 novembre, au nord du Mali, à proximité de la frontière avec le Niger.
De plus, le nombre de ces attaques a été multiplié par trois depuis le début de l’année, en comparaison avec la même période l’an dernier, a ajouté Bintou Keita. Au Burkina Faso, quatre cent quatre-vingt-neuf incidents ont ainsi été enregistrés, contre cent cinquante à la même période de 2018. Au Niger, ce sont cent dix-huit attaques contre soixante- neuf. Par ailleurs, la violence des groupes terroristes s’étend désormais jusqu’au pays de la côte ouest-africaine et le long de la bande sahélo-sahélienne et dans le bassin du lac Tchad. Ces faits ont été constatés par les chefs d’État de la région, qui ont, par ailleurs, mis en garde contre l’effondrement de la digue sécuritaire dans la région, a ajouté la sous-secrétaire générale.
Depuis la publication du rapport du secrétaire général, la Force conjointe du G5 Sahel a conduit des opérations avec l’appui des forces françaises, a précisé Bintou Keita. Ces opérations ont eu lieu à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, du 1er au 17 novembre, et ont impliqué mille quatre cents militaires venus du Burkina Faso, du Niger, du Mali, aux côtés des forces françaises. Elles ont permis de neutraliser vingt-quatre suspects terroristes, la saisie d’armes et de munitions, cent téléphones et soixante-quatre véhicules.
Mais cette force, bien que centrale dans le dispositif sécuritaire, ne peut à elle seule sécuriser la région, a souligné la sous-secrétaire générale, et il faut faire davantage pour prévenir la détérioration de la situation.
Bintou Keita s’est toutefois félicitée de l’initiative franco-allemande du partenariat pour la sécurité et la stabilité du Sahel (P3S), annoncée en septembre au sommet de Biarritz du G7, et de l’engagement pris récemment par les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest, lors du sommet extraordinaire de l’organisation régionale tenu à Ouagadougou, le 14 septembre. Ces initiatives devraient permettre de mieux lutter contre le terrorisme, avec une promesse d’un milliard de dollars, a-t-elle expliqué.
Elle a rappelé qu’alors que le terrorisme est un combat mondial et qu’aucun pays ne peut le mener seul, la plupart des États du Sahel consacrent déjà 20% de leur budget à la défense et à la sécurité. Selon elle, la communauté internationale doit donc contribuer à l’effort de lutte contre l’extrémisme au Sahel et soutenir la Force conjointe G5 Sahel afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle et obtenir des résultats tangibles.
Les initiatives sur le plan sécuritaire ne porteront des fruits que si des réponses satisfaisantes sont apportées aux questions relatives au sous-développement, à la pauvreté, à la gouvernance, aux difficultés d’accès aux services de base, à l’exclusion systématique, ainsi qu’aux effets des changements climatiques, a encore averti Bintou Keita, pour qui il faut « offrir aux populations, aux plus jeunes des perspectives ».
La sous-secrétaire générale a conclu en appelant tous les partenaires à assurer un décaissement rapide des fonds promis et à soutenir la mise en œuvre de la stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel.