G5 Sahel : Mohamed Ould Ghazouani, la politique de maintien de la paix de l’Onu "n’est pas en adéquation avec les enjeux sécuritaires au Sahel".

Lundi, Novembre 25, 2019 - 13:00

Le renforcement du mandat de la Minusma est-il la solution pour lutter contre la menace terroriste au Mali? L’idée a été relancée au Forum de Dakar. Pour Alioune Tine, expert auprès de l’Onu et défenseur des droits de l’homme en Afrique, ce n’est pas la meilleure solution.

"D’un effectif de 6.491 éléments à ses débuts, la Minusma en compte aujourd’hui 14.400, plus du double. Paradoxalement, l’agression terroriste contre le Mali s’est intensifiée. Et pire, le terrorisme étend son spectre ravageur à d’autres pays, charriant au quotidien des morts, des blessés, des réfugiés et personnes déplacées", a indiqué le président Macky Sall, le 18 novembre, lors du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité. Créée le 17 janvier 2013, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies au Mali (Minusma), a reçu comme mission du Conseil de sécurité «l’appui aux efforts de stabilisation du pays, la protection des civils et le rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national".
Mais, de l’aveu même du président sénégalais, avec l’augmentation du nombre de troupes déployées sur le terrain, les attaques sont devenues "plus fréquentes, plus meurtrières et plus audacieuses". Au même moment qu’il ouvrait cette 6e édition du Forum, consacrée cette année aux défis sécuritaires du multilatéralisme dans le Sahel, s’est produite une attaque terroriste à Tabankort, sur la frontière entre le Mali et le Niger. Selon l’armée malienne, 30 militaires et 17 terroristes ont été tués et du matériel détruit chez l’ennemi.
Conscients des ravages que les attaques récurrentes des groupes djihadistes installés au Mali provoquent dans la sous-région, les Présidents sénégalais et mauritanien ont réclamé un mandat renforcé pour les forces militaires et de sécurité combattant les djihadistes au Sahel, notamment les troupes de la Minusma déployées au Mali. "Pourquoi, alors que pas moins de 30.000 hommes au total [en comptant les forces armées maliennes et celles de la sous-région, ndlr] sont pris en otage par une bande d’individus, ne sommes-nous pas capables de régler ce problème?", s'est interrogé Macky Sall.
L’une des réponses, selon le chef de l'État sénégalais serait que l’Onu "accepte de se réformer et de réformer ses procédures". Et pour cela, il faut "un mandat plus robuste au Mali", a-t-il martelé. Pour le chef de l'État mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, la politique de maintien de la paix de l’Onu "n’est pas en adéquation avec les enjeux sécuritaires au Sahel". Il a dénoncé les promesses de financement non tenues par les Occidentaux. "Des forces régionales mobiles, plus légères, et connaissant mieux le terrain doivent être davantage privilégiées, plutôt qu’une force lourde et statique", a-t-il dit, évoquant la force conjointe du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).
Tandis que, le Président sénégalais, a appelé la Chine et la Russie à ne pas s’opposer à une révision du mandat de la Minusma.

Noël Ndong
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