Climat : plus de temps à perdre pour éviter le pire

Mercredi, Novembre 27, 2019 - 13:04

La mise en garde a été lancée, le 26 novembre, dans un rapport annuel du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue). Dans ce texte, ses auteurs préviennent que si le monde remet encore à plus tard les actions immédiates et radicales nécessaires pour réduire les émissions de CO2, la catastrophe climatique ne pourra plus être évitée.

Le rapport relève que pour garder un espoir de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, ambition idéale de l’accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de 7,6% par an, dès l’année prochaine et jusqu’à 2030. Ce qui équivaut à un total de 55% de baisse entre 2018 et 2030. C’est dire que tout retard, au-delà de 2020, pourrait rendre « rapidement l’objectif de 1,5°C hors de portée ». Et même pour espérer limiter le réchauffement à +2°C, il faudrait réduire les émissions de 2,7% par an de 2020 à 2030.

Les experts notent que ces émissions, générées en particulier par les énergies fossiles, ont augmenté de 1,5% par an ces dix dernières années. « Il n’y a aucun signe qu’elles atteignent leur pic dans les prochaines années », souligne le Pnue, qui a noté le nouveau record de 55,3 gigatonnes de gaz à effet de serre, en 2018.

Si le monde a gagné environ +1°C, depuis l’ère préindustrielle, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques, l’étude signale que chaque demi-degré supplémentaire va aggraver l’impact des dérèglements climatiques, ainsi que les risques pour la population, notamment sur les côtes menacées par la hausse du niveau des mers.

Le Pnue redoute que le réchauffement climatique se poursuive au rythme actuel, estimant que si les émissions continuent, la planète pourrait se réchauffer de 3,4 à 3,9°C d’ici à la fin du siècle. Et cela, même si les Etats signataires de l’accord de Paris respectaient leurs engagements. Malgré cela, l’ONU assure qu’il est encore possible de rester sous +2°C, et même sous +1,5°C.

« Dix ans de procrastination climatique nous ont menés là où nous sommes », a déclaré Inger Andersen, patronne du Pnue. Pour remédier à cette situation, les signataires de l’accord de Paris doivent multiplier leurs ambitions par trois pour atteindre le premier objectif, par cinq pour le second. Et ces engagements doivent être suivis d’actions immédiates.

Le constat sombre, qui se dégage du rapport de l’agence onusienne, envoie un message clair à quelques jours de la réunion climat de l’ONU (COP25) à Madrid, en Espagne. « Si nous ne prenons pas des mesures urgentes maintenant (...) nous allons manquer l’objectif de +1,5° », a insisté Inger Andersen.

Réagissant aux conclusions du rapport, la ministre espagnole de l’Environnement, Teresa Ribera, dont le pays accueillera la prochaine COP, a dit : « Nous ne pouvons plus repousser l’action climatique ». Elle a fait cette remarque, alors que l’accord de Paris prévoit une révision des engagements des Etats pour la COP26 à Glasgow, fin 2020. Pour l’heure, seuls soixante-huit pays ont promis d’augmenter leur ambition, et parmi eux, aucun des plus gros émetteurs.

Dans le but d’amener les Etats à s’engager davantage à réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’ONU, qui n’a pas donné de recommandations formelles, a lancé quelques pistes d’actions spécifiques pour certains pays du G20, qui représentent 78% des émissions de la planète. Ce sont : l’interdiction des nouvelles centrales à charbon en Chine; le développement massif d’un réseau de transport public en Inde; ou nouvelles voitures « zéro émission » d’ici à 2030 aux Etats-Unis.

 

 

Nestor N'Gampoula
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