La distinction destinée à pérenniser la mémoire de l'illustre écrivain congolais, un des plus grands poètes de l’espace francophone décédé en 2009, sera lancé au niveau international le 21 décembre à Paris, en France, en partenariat la Société des poètes français.
Le prix est initié par l’atelier Senghor-Association des écrivains du Congo, basé à Brazzaville et présidé par Huppert Malanda. Il sera décerné le 4 juillet 2020 à l’occasion de la célébration du onzième anniversaire de la mort de Jean Baptiste Tati Loutard. L’événement sera couplé à la première édition du Festival panafricain de poésie qui se tiendra du 2 au 4 juillet, à Paris. A cette occasion seront également remis les prix Poésie africaine Léopold-Sédar-Senghor, Tchicaya-U’- Tam Si et Kamb'Ikounga ( poète congolais mort le 19 septembre 1989, auteur du recueil de poémes intitulé "L’appel du Ténéré" préfacé par Jean Baptise Tati Loutard.
Huppert Malanda, qui est aussi le délégué de la Société des poètes français au niveau du Congo et de l’Afrique centrale, avait déjà mentionné le prix Jean- Baptiste-Tati-Loutard à la cérémonie d’hommage à cet écrivain, organisée le 4 juillet dernier au centre culturel éponyme par la direction départementale du Livre et de la lecture publique de Pointe-Noire, pour célébrer les 10 ans de sa disparition. L’occasion lui avait permis d’évoquer la mémoire du grand poète et écrivain congolais de renommée internationale, auteur d’une abondante production poétique (véritable patrimoine culturel) qui a eu beaucoup de notoriété dans l’espace francophone, mais qui reste malheureusement peu connue dans son pays. Lors de cet hommage, les intervenants avaient déploré le fait que le mérite des écrivains congolais soit plus reconnu ailleurs que chez eux.
De ce fait, dans sa communication portant sur le sous-thème «Jean Baptiste Tati Loutard : un héritage de poésie francophone», Huppert Malanda avait défini et illustré l’œuvre de l’illustre écrivain à travers ses publications pour montrer sa grandeur. «Jusqu’à sa mort, Jean Baptiste Tati Loutard est resté le plus grand poète francophone vivant. Malheureusement, il arrive que la postérité soit habitée par l’oubli et la méconnaissance. Nous, les Congolais, avons la prestigieuse manière de ne pas reconnaître les nôtres. Au cours de cette cérémonie, il m’a fallu remonter toutes les facettes qui montrent toute la grandeur de Loutard. Dans ma communication, j’ai retracé la plupart de ses œuvres», avait-il expliqué.
Il rappelait, par ailleurs, les propos de Léopold Sédar Senghor lorsqu’il découvrit Tati Loutard, un autre poète congolais à l'instar de Tchicaya U Tam Si ou Soni Labou Tansi, à travers son livre "Le dialogue des plateaux". «La plus grande grandeur du Congo est dans la grandeur de ses poètes», avait lancé l'homme de lettres sénégalais; une preuve que Jean Baptiste Tati Loutard est un grand poète.
Parlant aussi la rencontre des écrivains en 1956 à la Sorbonne, en France, lors du premier colloque des écrivains noirs, Huppert Malanda évoquait le rôle de l’écrivain et de la culture dans la construction d’un peuple en soulignant : «La poésie est l’arme idéale pour la construction d’un pays, pour la construction du bonheur. La culture est la base de tout. Mais dans notre pays où la culture est le parent pauvre et ne bénéficie presque pas de soutien, nous qui nous sommes imposés en tant que chantres de la poésie au niveau national et international, vivons comme des enfants abandonnés, pas de reconnaissance pour nous». Il invitait, en outre, les Congolais à mettre en lumière les écrivains nationaux et les valeurs qui font la fierté de la littérature congolaise en commençant d’abord par les lire.
Notons qu’Huppert Malanda, qui a opté pour la poésie, est auteur de plusieurs œuvres comme "Les paradis fragiles", en 2013, aux éditions Flammes vives de France ; "Aux quatre coins du vent", préface d’Arlette Chemin De Grange, 2017, Editions Renaissance africaine. Il est détenteur de vingt-quatre prix littéraires internationaux parmi lesquels le Prix d’or de poésie talents d’Ici d’ailleurs au Maroc, en 2013; et la Médaille d’honneur de la République arabe d’Egypte en 2016 (Prix Halaly en France). «Je me suis refusé de m’égarer dans un autre genre littéraire jusqu’à ce que j’atteigne un certain nombre de publications», a-t-il dit pour conclure.