Coopération : la Turquie prête à envoyer des troupes à Tripoli

Mercredi, Décembre 11, 2019 - 11:45

Ankara entend renforcer son appui militaire au gouvernement libyen d'union nationale de Fayez el-Sarraj, en se prévalant d'un accord de coopération militaire et sécuritaire signé récemment entre les deux parties.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a évoqué, le 10 décembre, l'hypothèse d'un envoi de troupes pour soutenir le gouvernement d'union nationale de Tripoli si ce dernier « formule une telle demande ». « Si la Libye formule une telle demande, nous pourrons envoyer nos personnels (militaires), surtout que nous avons conclu un accord militaire », a déclaré Erdogan. Pour justifier sa proposition, le président turc fait valoir un accord « de coopération militaire et sécuritaire » signé le 27 novembre dernier, lors d’une visite à Istanbul de Fayez al-Sarraj, le seul dirigeant que la Turquie reconnaît et soutient face à son rival de l’est libyen, le maréchal Khalifa Haftar.

Selon Ankara, ce protocole « est une version plus large » d'un accord-cadre de coopération militaire existant entre les deux parties et « renforce les liens entre les deux armées ». Fayez al-Sarraj est notamment soutenu par la Turquie et le Qatar. L'Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, semble aussi en sa faveur. Son rival Khalifa Haftar, homme fort de l'est libyen dont les forces ont lancé en avril une offensive contre la capitale Tripoli, bénéficie de son côté du soutien de l'Egypte et des Emirats arabes unis ainsi que d'un appui au moins politique, notamment des Etats-Unis et de la Russie. La France a été accusée de le privilégier, ce dont elle se défend.

Recep Tayyip Erdogan fait aussi remarquer que les forces de Khalifa Haftar bénéficient « du soutien d'une compagnie de sécurité russe qui s’appelle Wagner » alors même que Moscou dément la présence de mercenaires russes sur le sol libyen. Ces derniers mois, sans le reconnaître officiellement, les autorités turques ont multiplié les livraisons d’armes aux forces du gouvernement libyen d’union nationale, précisément des tanks et des drones armés. En octobre, un rapport confidentiel d'experts de l’ONU accusait la Turquie de violer l'embargo sur les armes imposé depuis 2011 à la Libye.

Josiane Mambou Loukoula
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