Un nouveau round de négociations entre le gouvernement et des groupes armés a débuté, le 11 décembre à Juba. Les protagonistes se disent optimistes de pouvoir arriver à un accord dans les deux prochaines semaines.
Un premier tour de pourparlers avait eu lieu en octobre, dans la capitale Juba, en vue de mettre un terme aux conflits au Darfour (ouest), au Kordofan-Sud (sud) et au Nil Bleu (sud-est), où des rebelles se sont insurgés contre ce qu'ils estimaient être la marginalisation de leurs régions sous le régime du président soudanais déchu, Omar el-Béchir.
De nombreuses rencontres sous l'égide de l'Union africaine avaient précédemment échoué, mais la chute d'Omar el-Béchir ainsi que la posture du gouvernement de transition, dirigé par le Premier ministre Abdallah Hamdok, ont donné un nouvel élan aux discussions.
« Nous sommes optimistes cette fois, quant à l'obtention des résultats positifs », a déclaré le chef rebelle Abdulaziz al-Hilu, qui dirige le Mouvement de libération du peuple du Soudan, une coalition de trois groupes armés actifs au Kordofan-Sud.
Les rébellions au Kordofan-Sud et au Nil Bleu, frontaliers avec le Soudan du Sud, sont vues comme une continuation de la guerre qui a amené à l'indépendance du Soudan du Sud, en 2011.
En octobre dernier, les parties s'étaient accordées sur un cessez-le-feu permanent. Lors de ce nouveau round, le gouvernement et les rebelles doivent discuter des questions politiques, sécuritaires et de l'accès humanitaire à ces trois régions. Ils devraient également discuter du partage des richesses et du pouvoir dans ces zones.
« La paix que nous allons conclure (...) va amorcer des transformations politiques et démocratiques pour notre pays », a déclaré Alhadi Idris, chef du Front révolutionnaire du Soudan, une coalition de neuf groupes rebelles issus des trois régions concernées.
Pour mémoire, le conflit dans la région du Darfour a éclaté en 2003. Des centaines de milliers de personnes ont été tuées dans ces trois régions peuplées par des minorités ethniques.
Des représentants des groupes rebelles ont indiqué que les questions d'identité nationale et le manque de clarté quant à la relation entre l'Etat et la religion font également partie des causes profondes des conflits et devraient être évoquées lors des négociations.
Mohamed Hamdan Daglo, figure clé du gouvernement de transition du Soudan et qui dirige la délégation soudanaise à Juba, a assuré que son équipe a « un mandat entier » pour conclure un accord. « Ce round de discussions devrait mener à un accord qui mettra un terme aux souffrances du peuple soudanais », a-t-il souhaité.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Norvège, impliqués en tant que médiateurs, ont encouragé les différentes parties à se rendre à la table des négociations, sans poser de conditions préalables.
« Nous espérons sincèrement que toutes les parties en présence participeront à ces pourparlers et feront preuve d'un esprit de coopération, de pragmatisme et de réalisme, pour garantir le succès de ces négociations. C'est ce que le peuple soudanais attend et mérite », ont écrit les trois pays occidentaux dans un communiqué commun.
Rare et brève rencontre
A l'approche d'une date butoir pour la formation d'un gouvernement d'union, le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et le chef rebelle, Riek Machar, se sont brièvement rencontrés mercredi à Juba.
Leurs entourages n'ont rien laissé filtrer de la teneur de cette rare rencontre depuis que leurs différends ont plongé le pays en 2013 dans une guerre civile meurtrière, lorsque Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, alors son vice-président, membre de l'ethnie Nuer, de fomenter un coup d'Etat, seulement deux ans après l'accession du Soudan du Sud à l'indépendance, à l'issue d'un conflit sanglant avec le Soudan.
Les deux hommes avaient signé un cessez-le-feu en septembre 2018, à Addis Abeba, interrompant en grande partie les massacres qui ont provoqué la mort de quatre cent mille personnes et déplacé environ quatre millions d'habitants, soit le tiers de la population. Mais ils ont été, depuis, incapables de former, avant une date-butoir fixée au 12 novembre, un gouvernement d'union nationale.
Les pays de la région qui supervisent ce très lent processus d'apaisement du conflit leur ont alors accordé cent jours supplémentaires pour parvenir à un accord de gouvernement, sous l'œil attentif des Etats-Unis et des Nations unies.