Réunis le 15 décembre à Niamey, au Niger, pour un sommet extraordinaire, les dirigeants de la zone sahélienne ont décidé de renforcer leur coopération dans la lutte contre le djihadisme et lancé un appel à la communauté internationale pour endiguer le péril terroriste qui frappe violemment leurs pays.
Dans le communiqué final de la rencontre, les présidents du Niger, du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et de la Mauritanie, qui forment le G5 Sahel, ont redit leur détermination à combattre les djihadistes qui écument la zone. « Les chefs d’Etat réitèrent leur volonté de tout mettre en œuvre pour améliorer la coordination entre la force conjointe, les forces nationales et les forces internationales alliées », ont-ils indiqué.
Dans le but d’améliorer leur action dans la lutte contre les djihadistes, les pays du G5 ont décidé de « mobiliser davantage de forces dans la zone des trois frontières » (Burkina-Mali-Niger) et de porter « à deux ans », contre un seul aujourd’hui, « le mandat du commandement de la force ».
Les dirigeants de cet espace communautaire ont également lancé un appel aux autres pays de la grande région pour « un renforcement de la coopération entre les services de sécurité et de renseignement dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière ». Ils ont, par ailleurs, demandé à la communauté internationale de « renforcer son soutien » contre « la menace terroriste », et demandé à l’ONU de renforcer le mandat de leur force militaire conjointe et celui de la Minusma au Mali.
Initialement prévu à Ouagadougou, le sommet a été relocalisé à Niamey, en signe de solidarité après la sanglante attaque qui avait fait, le 10 décembre, au moins soixante et onze morts, dans une garnison d’Inates (ouest du pays), près de la frontière malienne. L’attaque d’Inates, la plus meurtrière de l’histoire de Niger, revendiquée par le groupe Etat islamique, a traumatisé le pays qui a décrété trois jours de deuil national, de vendredi à dimanche. D’autres attaques sanglantes ont frappé ces derniers mois le Mali et le Burkina Faso.
Des assauts de plus en plus fréquents et meurtriers
Les attaques djihadistes se poursuivent au Sahel malgré la présence des forces françaises (quatre mille cinq cents soldats de Barkhane), régionales (force militaire conjointe du G5 Sahel), de l’ONU (Minusma au Mali), ainsi que de forces américaines. Elles sont devenues de plus en plus fréquentes et meurtrières, depuis les premières violences dans le nord du Mali, en 2012, prouvant que les armées des pays du G5 ont de la peine à enrayer cette spirale de violences.
En ce qui concerne la force militaire conjointe du G5 Sahel (lancée en 2015 et réactivée en 2017) qui devait compter cinq mille hommes pour lutter contre les djihadistes dans les zones frontalières entre les pays membres, elle peine tout autant à monter en puissance, en dépit des nombreuses déclarations des chefs d’Etat. Une difficulté reconnue par le Burdinabé, Rock Marc Christian Kaboré, président en exercice du G5. « Nous ne sommes pas tout à fait au bon niveau d’opérationnalisation de la force du G5 (…). La lutte contre le terrorisme est une lutte internationale », a-t-il souligné au cours d’un point de presse, déplorant la lenteur « de décaissement » des financements internationaux.
Son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou, a, quant lui, insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de s’unir pour contrer le fléau, soulignant que « pour combattre le terrorisme, les pays sahéliens ont besoin non pas de moins d’alliés mais de plus ». Il a salué l’opération "Tacouba" qui est en train d’être mise sur pied par la France, réunissant des forces spéciales de plusieurs pays européens. Elle devra permettre d’apporter des renforts à l’armée malienne, en difficulté face à la poussée des attaques djihadistes, ainsi qu’à celles d’autres pays du Sahel.