G5 Sahel : le sommet avec la France reprogrammé en début 2020

Mardi, Décembre 17, 2019 - 16:33

La rencontre, initialement prévue pour le 16 décembre à l’initiative du président français, et annulée la semaine dernière après une attaque djihadiste au Niger, se tiendra finalement le 13 janvier à Pau (sud de la France). Ses homologues du Niger, du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et de la Mauritanie y sont conviés.

« Ce sommet aura pour objectif de définir, de réévaluer le cadre et les objectifs de l’engagement français au Sahel. Il permettra également de poser les bases d’un soutien international accru aux pays du Sahel », a indiqué l’Elysée dans un communiqué.

Hormis les présidents malien, Ibrahim Boubacar Keïta; burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré; nigerien, Mahamadou Issoufou; tchadien, Idriss Déby Itno; mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la réunion sera rehaussée de la présence du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et des présidents de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki; du Conseil européen, Charles Michel, selon la même source. Le vice-président de la Commission européenne et haut représentant pour les Affaires étrangères, Josep Borrel, a également été convié.

Depuis quelques mois, Paris lance des appels à ses alliés européens pour qu’ils s’impliquent davantage dans la crise sahélienne. Et dans le souci de vouloir repenser l’opération Barkhane « dans les prochaines semaines », Emmanuel Macron avait invité, le 4 décembre, les membres du G5 Sahel à le retrouver avant la fin de l’année pour un sommet à Pau. A l’occasion, il leur avait demandé de « clarifier » leur position sur la présence militaire française au Sahel, de plus en plus contestée par leurs opinions publiques.

Au moment où il faisait cette annonce, le chef de l’Etat français avait souligné que toutes les options étaient sur la table, y compris un retrait des troupes françaises, mais les experts jugent cette hypothèse très improbable.

« L’avenir du Sahel se joue l’année prochaine »

Dans la perspective de la tenue du sommet, le chef d’état-major français, le général François Lecointre, a, dans un entretien avec France info, estimé que l’avenir du Sahel se joue « dans l’année qui vient ». Pour ce haut gradé de l’armée française, seule une solution politique impliquant les Etats de la région et la communauté internationale permettrait une sortie de crise.

« C’est maintenant, dans l’année qui vient, que se joue l’avenir du Sahel », indiquait récemment le chef d’état-major de l’armée française, ajoutant : « C’est pour cela que nous nous engageons en avant-garde et que nous allons passer à la vitesse supérieure », soulignant: « Si nous loupons ce moment charnière, je suis assez pessimiste ». François Lecointre s’exprimait lors d’un déplacement, il y a quelques jours, dans cette partie de l’Afrique en proie à une rapide dégradation sécuritaire, en particulier dans la zone dite des « trois frontières » entre Mali, Niger et Burkina Faso.

Evoquant l’importance de la mission Barkhane, le chef d’état-major français a rejeté l’idée d’échec de l’opération, qui mobilise quatre mille cinq cents militaires français au Sahel. « Ce qu’on demande à un soldat, c’est de permettre que le niveau de violences soit le plus bas possible, de façon à ce que des solutions politiques puissent être mises en œuvre sans que l’on ne sombre définitivement dans des situations de guerre civile. Nous évitons que le pire ne se produise et cela doit être porté à notre crédit », a-t-il laissé entendre. Mais si le travail de Barkhane « n’est pas complété par une action politique (...) en partenariat entre les gouvernements des pays que nous venons aider et l’ensemble de la communauté internationale (...), notre action ne servira à rien », a-t-il précisé.

Le général a relevé le rôle de la France en matière de maintien de la paix au Sahel. « Si nous laissons le chaos s’installer, les États sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l’Etat islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera », a-t-il averti.

La visite du général Lecointre auprès des troupes de l’opération antidjihadiste Barkhane a eu lieu quelques semaines après la mort de treize soldats français dans la collision de deux hélicoptères en opération. C’était après l’attaque terroriste d’une base au Niger au cours de laquelle soixante et onze militaires nigeriens ont été tués. Les islamistes sont toujours déterminés à s’en prendre aux forces régulières des pays du G5 Sahel comme en témoignent d’autres attaques sanglantes qui ont frappé ces derniers mois le Mali et le Burkina Faso.

« Ce qui fait douter du sens de la mission, ce n’est pas les pertes, c’est l’absence de clarté, (...) de détermination politique », a noté le général Lecointre, qui a assuré que l’armée française était au Sahel pour assurer également la sécurité de la France « pour les trente ans qui viennent ».  

 

 

 

Nestor N'Gampoula
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