Confrontés à une pression internationale croissante, le président sud-soudanais, Salva Kiir, et le chef rebelle, Riek Machar, ont assuré, le 16 décembre, qu’une équipe gouvernementale sera prête avant fin février, notamment à l’expiration du délai de cent jours qui leur a été accordé par les dirigeants de la région.
« Nous nous sommes dit que nous devions former le gouvernement après les cent jours », a indiqué le chef de l’Etat sud-soudanais, à l’issue d’une rencontre à Juba avec Riek Machar. A ce sujet, le chef rebelle a dit que cela pourrait ne pas se faire à temps puisque la question du nombre d’Etats régionaux n’a pas encore été résolue. Il a précisé que les parties aux négociations attendent un rapport du vice-président sud-africain, David Mabuza, avant d’avancer sur ce sujet.
Répondant à la préoccupation du chef rebelle qui vit en exil à Khartoum, Salva Kiir a précisé que si le problème du nombre d’Etats régionaux n’est pas résolu d’ici à la formation du gouvernement, c’est ce dernier qui serait chargé de le résoudre, au même titre que d’autres questions potentiellement n’ayant pas encore trouvé de réponse.
Les principaux protagonistes dans la crise sud-soudanaise ont, par ailleurs, trouvé un accord sur l’intégration des forces des deux camps dans une armée unifiée. « Nous voulons commencer l’entraînement des diverses forces de sécurité dans une ou deux semaines », a indiqué Riek Machar, qui a évoqué un accord sur l’ouverture de l’espace politique et le respect des libertés dans le pays.
En septembre 2018, les deux rivaux avaient signé un accord de paix, qui a eu pour résultat une baisse des combats dans le pays, mais Salva Kiir et son ex-vice-président Riek Machar ne parviennent pas toujours à concrétiser certaines dispositions cruciales de l’accord. Citons, à titre d’exemples, la création d’une armée unifiée, le tracé des frontières et le nombre des Etats régionaux. C’est pour toutes ces raisons que la formation d’un gouvernement d’union nationale, initialement prévue en mai, a été reportée une première fois au 12 novembre dernier. Dans le souci d’amener les deux parties à former ce gouvernement, les partenaires régionaux (Kenya, Ouganda et Soudan, notamment) leur ont accordé un nouveau délai de cent jours.
Si les discussions entre rebelles et pouvoir vont aboutir à la formation prochaine d’un gouvernement d’union nationale, il faut noter que les Etats-Unis, un des parrains de l’indépendance du Soudan du Sud, perdent patience face aux atermoiements des autorités du pays à ce sujet. « Un peu plus de trente jours après le début de ces prolongations, les Etats-Unis n’ont encore vu aucun pas concret du gouvernement du Soudan du Sud pour créer les conditions politiques et sécuritaires nécessaires à la formation d’un gouvernement d’union et à la mise en œuvre de l’accord de paix », a déploré le Trésor américain dans un communiqué. L’institution accuse deux ministres sud-soudanais de faire obstacle à la paix. C’est pour cela qu’après avoir précédemment décrété des sanctions contre des responsables sud-soudanais, le Trésor américain a annoncé, le 16 décembre, des sanctions financières contre les intéressés.
Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’Etat. L’ONU estime que le conflit a fait plus de trois cent quatre-vingt mille morts.