Le constat a été fait dans un rapport d’experts, rendu public, le 20 décembre, dans lequel ils estiment qu’il s’agit d’un « tournant » dans la lutte contre le fléau, et se réjouissent de ce que la tendance de diminution de la consommation touche aussi bien les hommes que les femmes depuis plusieurs années.
Le texte note qu’en près de vingt ans, le nombre total de consommateurs de tabac dans le monde a diminué d’environ soixante millions, passant à 1,337 milliard en 2018. Une baisse qui, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’explique par la réduction d’environ cent millions du nombre des consommatrices sur cette période, ramené à deux cent quarante-quatre millions en 2018. Au cours de la même période, les hommes ont été quarante millions de plus à utiliser des produits du tabac (1,093 milliard en 2018).
Pour l’OMS qui scrute les comportements des consommateurs depuis près de vingt ans, cette nouvelle n’est pas sans conséquence car les hommes représentent la grande majorité (82%) de 1,337 milliard de consommateurs mondiaux de tabac.
Le directeur de l’agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a rappelé que jusqu’à présent, l’OMS avait constaté « une hausse régulière du nombre d’hommes consommant les produits mortels du tabac ». Il a relevé, dans un communiqué:« Or maintenant, pour la première fois, nous observons une baisse, due à l’attitude plus ferme des gouvernements face à l’industrie du tabac », saluant ce « tournant dans la lutte contre le tabagisme » qui s’est produit en 2019 et devrait se confirmer dans le futur.
Des progrès encore insuffisants
L’étude publiée n’est autre que la troisième édition du rapport mondial de l’OMS sur le tabagisme et couvre uniquement les produits contenant du tabac. Elle exclut les cigarettes électroniques et montre que la tendance à la hausse du tabagisme masculin a été stoppée.
En ce qui concerne les projections de l’OMS, il est déjà établi que le nombre de consommateurs hommes devrait diminuer de deux millions entre 2018 et 2020 pour s’établir à 1,091 milliard, et de quatre millions entre 2020 et 2025, pour atteindre 1,087 milliard. Globalement, l’OMS prévoit une diminution de dix millions du nombre total pour les deux sexes par rapport à 2018 et une nouvelle baisse de vingt-sept millions d’ici à 2025.
Si ces chiffres montrent que les efforts de lutte entrepris par les pays pour vaincre le tabagisme progressent, l’OMS avance cependant que les progrès restent encore insuffisants par rapport aux objectifs volontaires fixés par les gouvernements.
Le rapport passe en revue la situation dans chaque continent et note que c’est en Asie du sud-est que l’on trouve les taux de tabagisme les plus élevés, qui devraient néanmoins diminuer rapidement pour atteindre des niveaux semblables à ceux des régions européennes et du Pacifique occidental.
Signalons que selon l’OMS, chaque année, le tabagisme est à l’origine de plus de huit millions de décès, entraînant la mort d’environ un consommateur sur deux. Plus de sept millions de ces décès sont dus à la consommation directe de produits du tabac, alors qu’environ 1,2 million résultent du tabagisme passif.