« J’enjoins, je demande, j’ai instruit » …, autant de prescriptions dans le message du 17 décembre sur l’état de la nation, durant lequel le président de la République a insisté pour que le gouvernement s’implique davantage dans la gestion quotidienne des dossiers sur lesquels il est engagé depuis sa mise en place. Morceaux choisis de cette communication présidentielle que la seconde, attendue ce 31 décembre, dans laquelle le chef de l’Etat adressera ses vœux de Nouvel An aux Congolais, ne pourrait éclipser.
Au seuil de l’année 2020, l’actualité du message délivré par le président de la République, le 17 décembre, devant le parlement réuni en congrès mérite que l’on y revienne encore. Il semble que c’est bien pour mieux aborder la fin du quinquennat commencé en 2016 que le chef de l’Etat est revenu à maintes reprises, dix pour être précis, sur les tâches urgentes que doit accomplir le gouvernement, secteur par secteur, dans le laps de temps assez court qu’il reste.
Au tout début de ces invites présidentielles répétitives, le président de la République a mentionné l’accord de facilité élargie de crédit conclu, le 11 juillet 2019, avec le Fonds monétaire international indiquant : « J’ai instruit le gouvernement de prendre toute la mesure des enjeux en présence à travers les réformes à poursuivre ou à entreprendre ; tout mettre en œuvre pour tenir les conditionnalités contenues dans ce programme ; préparer les différentes revues dans les meilleures conditions techniques et organisationnelles ». Il semble donc que le décalage à plus tard, de la revue du FMI initialement prévue dans le courant du mois de décembre soit du aux problèmes « techniques et organisationnelles ». A l’exécutif d’en prendre bonne note.
Le chef de l’Etat a poursuivi son message en se préoccupant de la quête des jeunes pour l’emploi, du besoin de faire vivre l’arrière-pays à travers une redistribution substantielle des richesses nationales, d’où la demande qu’il a faite au gouvernement de « restaurer le cantonnage villageois pour l’entretien routier ». Les jeunes, les paysans, évidemment, s’y retrouveraient si un tel programme est mené en parallèle avec un autre, pour lequel, le gouvernement a une fois de plus été interpellé, celui du pavage des voiries urbaines de Brazzaville et Pointe-Noire de concert avec les mairies des deux principales villes du Congo.
La quatrième annonce présidentielle concerne le recrutement dès l’année prochaine de 2000 jeunes enseignants. Là-dessus, la responsabilité du gouvernement consistera à faire en sorte que l’opération ne se solde par « le recrutement d’une armée de favorisés en lieu et place des enseignants de métier ».
Jamais quatre sans cinq, placé au cœur de l’action publique le gouvernement est aussi tenu de lier la parole à l’acte en évaluant le niveau d’application des mesures de gratuité portant sur la santé des populations. Elles concernent la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le président de la République a exigé une évaluation « urgente et exhaustive » de ces mesures, dans la perspective (c’est la recommandation 6 de son message) de l’installation de l’Unité de préfiguration du régime de sécurité sociale.
En septième lieu, réalisant que l’expertise expérimentée en matière d’entretien routier est défaillante, le chef de l’Etat a enjoint le gouvernement « d’impliquer les unités du Génie militaire » dans les opérations de construction et d’entretien du réseau routier national. Ici également Denis Sassou N’Guesso a prévenu qu’en la matière, l’armée ne devrait en aucun cas « se détourner de ses missions traditionnelles ».
Le rendez-vous suivant, pris par le président de la République avec son gouvernement est disons-le prosaïquement « électrique ». Ainsi donc, la connexion Ollombo-Abala étant achevée, celles concernant Djambala-Lekana et Gamboma-Ongogni étant en cours restera à « réunir les conditions nécessaires pour amorcer les travaux de la ligne Boundji-Allembé », a-t-il déclaré.
Puis neuvième point avant le dixième qui clôture cet exposé, le chef de l’Etat a évoqué l’épineuse question de l’amélioration du climat des affaires. Il est clair que ne s’étant pas débarrassé de cette gangrène que constituent la corruption, la concussion et la fraude, le climat des affaires au Congo mérite un bon coup de fouet. Et le président de la République d’inviter instamment le gouvernement à « prendre des initiatives audacieuses et vigoureuses visant des réformes à impact mesurable ».
Chutons sur la dixième injonction présidentielle qui a trait à l’architecture démocratique. Insistant sur la « dimension inclusive et participative » que la loi constitutionnelle en vigueur décline à travers la mise en place des conseils consultatifs nationaux, le président de la République croit savoir qu’ils ne serviront pas d’instruments de décor. Le gouvernement est ainsi prié de « prendre, dans les meilleurs délais, les textes de fonctionnement de ces organes, et de « mobiliser les moyens » pour leur permettre d’exercer.
Comme on peut s’en apercevoir, le chef de l’Etat attend de ses ministres un investissement de tous les instants sur le terrain.