L’année 2019 aura été, pour les autorités congolaises, celle de la mise en œuvre des réformes économiques et du début d’exécution des mesures inscrites dans le programme sur la Facilité élargie de crédit conclu avec le Fonds monétaire international (FMI).
Marquée par la conclusion, le 11 juillet dernier, de l’accord avec l’institution de Bretton Woods, l’année qui s’éteint donne l’espoir d’un rebond économique espéré. Cependant, les difficultés de tous genres ont été loin d’être dissipées, ce qui appelle à doubler les efforts et poursuivre davantage les réformes engagées pour espérer atteindre le bout du tunnel. « Nous avons constaté les efforts que l’exécutif a fait pour réduire le poids de la dette, maîtriser les dépenses publiques et nous avons invité les autorités à poursuivre les réformes sur la transparence, la bonne gouvernance publique et l’environnement des affaires. Cela est valable pour la dette commerciale extérieure qui a encore un poids très important sur l’économie congolaise », avait déclaré le chef de mission du Fonds, Alex Segura-Ubiergo, au terme de la première évaluation.
Dans la perspective de consolider les efforts portant création des richesses, le Plan national de développement adopté en 2018 nécessite un suivi rigoureux de ses axes prioritaires. Il s’agit entre autres de la valorisation du capital humain, la diversification de l’économie, la bonne gouvernance et la remise en ordre dans la gestion des finances publiques.
En rapport avec la bonne gouvernance des régies financières et la lutte contre la corruption, la fraude et la concussion, des exigences formulées par le FMI, l’Etat s’est employé à poser les bases de la relance économique, mais les résultats espérés sont encore bien loin des attentes des populations. « Les autorités congolaises doivent dégager d’urgence des ressources adéquates pour aider la population la plus vulnérable », relevait en substance la mission du FMI.
Pour ce faire, il est attendu, de la part des autorités publiques, la mise en œuvre de politiques cohérentes de redistribution plus efficaces, y compris des programmes de protection sociale et des initiatives conçues pour étendre les opportunités économiques capables d’accélérer la réduction de la pauvreté.
Des défis à relever et des actions concrètes attendues
Si les défis ont été aussi complexes et la volonté des autorités affichée, la situation macro-économique du pays n’a pas donné des signaux forts, en témoigne la timide reprise de la croissance hors pétrole, soit 0,8%, selon le comité monétaire national.
La multitude des projets initiés dans l’espoir de diversifier l’économie et accroître la croissance ne semble pas donner espoir, tant nombre d’entre eux manquent de financement pour leur mise en œuvre effective.
Traduit en termes simples, cela signifie, d’une part, que les autorités chargées de gérer les finances publiques doivent faire preuve d’un strict respect des règles qui garantissent le bon usage des fonds. Ainsi, le devoir de rigueur et de bonne gouvernance étant proclamé par la plus haute autorité, le droit devrait désormais s’imposer à tous afin de mettre un terme au laxisme souvent constaté dans la gestion de la chose publique comme l’avait déclaré le chef de l’Etat qui déroulait, dans son message sur l’état de la Nation en 2018, les axes prioritaires de l’année 2019. « … D’ores et déjà, le parlement et le gouvernement s’attellent à instituer la législation garantissant la déclaration de leur patrimoine, par les dirigeants et cadres de haut niveau, à l’entrer et à la cessation des fonctions exercées », indiquait le président de la République, Denis Sassou N’Guesso. « Face aux délits économiques, quels qu’ils soient, il n’y aura ni menus fretins ni gros poissons. Tout passera dans la nasse du droit et de la justice. Seule prévaudra la loi », ajoutait-il.
En clair, la lueur d’espoir nourrie durant l’année 2019 n’a non plus suffi à redonner confiance à certains acteurs de la vie nationale, principalement chez les acteurs de l’économie (investisseurs, chefs d’entreprises, opérateurs économiques…) lesquels attendent, à juste titre, le règlement de la dette intérieure estimée à 1719 milliards de francs CFA.
En effet, si les plus hautes autorités inscrivent la croissance économique en tête de leurs priorités, il faut cependant redonner confiance à la communauté internationale et aux partenaires bilatéraux. C’est le cas de la France qui a concrétisé, le 18 novembre dernier, son appui budgétaire de 88,5 milliards de francs CFA en faveur du Congo, mais aussi la Banque africaine de développement qui a approuvé un prêt d’un montant de 187 millions d’euros destinés à soutenir la relance des activités économiques
Le social au cœur des attentes des populations
« Le volet social constitue l’un des piliers de notre marche vers le développement… », avait précisé le chef de l’Etat, en décembre 2018, allusion faite aux secteurs de la santé, de l'éducation et de la sécurité sociale.
Conscient des attentes des populations et au regard de l’exigence sociale de plus en plus pressante, Denis Sassou N’Guesso a de nouveau réitéré, le 17 décembre, devant le parlement réuni en congrès, son engagement et la volonté du gouvernement d’œuvrer en faveur du bien-être social. « Dans notre pays, la demande sociale appelle à l’intensification de la lutte contre la pauvreté, le chômage, la marginalisation et l’exclusion. Devant la quête pressante pour des conditions de vie adéquates, il nous faut persévérer dans l’effort afin de répondre aux attentes du peuple », a-t-il précisé dans son adresse.
Toutefois, loin d’afficher un pessimisme sur ce que réserve l’année 2020, eu égard aux engagements et promesses faites par la plus haute autorité de l’Etat, il n’est cependant pas exclu de s’interroger sur la bonne exécution des mesures destinées à accélérer le développement tant espéré pour le pays.