Les présidents français, Emmanuel Macron, et égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, ont évoqué, le 30 décembre, par téléphone, la situation dans ce pays en conflit, appelant l’ensemble des acteurs internationaux et libyens à tout mettre en œuvre pour faire taire les armes, a-t-on appris.
« Ils ont exprimé leur volonté qu’un accord politique soit trouvé dans le cadre des Nations unies (...) afin de restaurer l’unité et la pleine souveraineté de la Libye », a précisé la présidence française.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ouvert, la semaine dernière, la voie à une intervention militaire directe de son pays en Libye, en annonçant un prochain vote au Parlement sur l’envoi de troupes pour soutenir le gouvernement de Tripoli face à l’homme fort de l’Est libyen Khalifa Haftar.
Emmanuel Macron et Abdel Fattah al-Sissi « sont convenus d’agir en étroite coordination dans la perspective de la conférence de Berlin et pour faciliter une relance décisive des négociations inter-libyennes ».
Les deux chefs d’État ont évoqué en outre la situation en Méditerranée orientale et « estimé que le protocole d’accord conclu entre la Turquie et la Libye sur la délimitation de leurs juridictions maritimes était contraire au droit de la mer » et « sont convenus de rester en étroit contact à ce sujet ».
Toujours au sujet de la Libye, la Grèce a manifesté le désir de participer à la conférence sur la Libye prévue en janvier sous l’égide de l’ONU. C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis dans un entretien publié le 29 décembre, au moment où la tension monte sur la question avec la Turquie voisine.
« Nous ne voulons pas de source d’instabilité dans notre voisinage. Nous avons donc notre mot à dire sur les développements en Libye », a estimé Kyriakos Mitsotakis dans un entretien à l’hebdomadaire grec To Vima. « Nous voulons faire partie de la solution en Libye car cela nous concerne également ».
Une conférence à Berlin pour mettre fin au conflit libyen
L’ONU prévoit une conférence internationale à Berlin en janvier pour mettre fin aux divisions internationales sur la Libye et ouvrir la voie à une solution politique au conflit qui déchire le pays.
« J’ai demandé, et je le ferai de nouveau en insistant davantage, que nous participions au processus de Berlin », a assuré le chef du gouvernement grec.
La Libye est devenu un nouveau sujet de contentieux diplomatique entre les deux rivaux traditionnels que sont la Grèce et la Turquie qui s’opposent sur les droits maritimes en Méditerranée ainsi que sur les parties en conflit dans ce pays nord-africain.
Ankara a signé en novembre deux accords controversés avec le gouvernement libyen d’union (GNA) basé à Tripoli et soutenu par l’ONU.
L’un d’eux porte sur la coopération militaire de la Turquie avec le GNA - qui en a demandé la « mise en œuvre », ouvrant la voie à une intervention militaire turque directe - pour lutter contre les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’autre sur la délimitation maritime entre la Turquie et la Libye.
La Grèce a jugé ces deux accords « dénués de fondement » et contraires au droit international.
Athènes a condamné l’accord maritime au motif que la Turquie et la Libye ne partagent aucune frontière maritime commune. La Libye « est notre voisin maritime naturel, pas celui de la Turquie », a insisté Kyriakos Mitsotakis.
L’accord signé entre Tripoli et Ankara permet à la Turquie d’étendre ses frontières maritimes dans une zone de Méditerranée orientale où d’importants gisements d’hydrocarbures ont été découverts ces dernières années autour de Chypre. Athènes a annoncé pour sa part qu’un accord sur le gazoduc EastMed serait signé avec Chypre et Israël le 2 janvier.