Après le feu vert du Parlement la semaine dernière à l’envoi des militaires dans le pays pour soutenir le pouvoir de Tripoli, le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué, le 5 janvier, que l’opération était déjà en cours.
« La mission de nos soldats là-bas est la coordination. Et c’est ce qu’ils font en ce moment, au sein d’un centre de commandement. Un de nos lieutenants-généraux sera à la tête de ce centre de commandement… », a confié le chef de l’Etat turc à la chaîne CNN Turk, sans préciser quand l’envoi des troupes a commencé.
S’agissant du calendrier du déploiement des militaires, Recep Tayyip Erdogan a dit que les soldats étaient « en train d’être déployés progressivement ». « Nous aurons aussi d’autres équipes sur place en tant que forces combattantes. Mais nos soldats n’en feront pas partie », a-t-il précisé.
Le président turc a annoncé le début du déploiement des troupes de son pays au moment où plusieurs sources signalent la présence des combattants syriens en Libye, arrivés de Turquie pour soutenir le Gouvernement d’union nationale. Il obéit, selon les dirigeants turcs à l’accord signé entre Tripoli et Ankara en fin novembre, qui permet à la Turquie d’étendre ses frontières maritimes dans une zone de la Méditerranée orientale où d’importants gisements d’hydrocarbures ont été découverts ces dernières années autour de Chypre.
Réagissant à l’envoi des militaires turcs en Libye, l’ambassade des États-Unis à Tripoli a, dans un communiqué, dénoncé les « interférences étrangères » en Libye, en citant nommément « l’arrivée de combattants syriens soutenus par la Turquie ».
Le 2 janvier, les députés turcs ont approuvé une motion permettant au président turc, Recep Tayyip Erdogan, d’envoyer des militaires en Libye pour soutenir le GNA, dont les troupes combattent les forces de l’homme fort de l’est libyen.
Le déploiement des troupes turcs en Libye n’est pas la première opération militaire d’Ankara à l’étranger : elle avait déjà mené plusieurs actions similaires dans des pays voisins, notamment en Syrie et en Irak, visant des combattants kurdes et des djihadistes. Mais il faut noter que contrairement à ces deux pays, la Turquie ne partage pas de frontière terrestre avec la Libye, située à 1500 km. Ce qui, selon des experts, pose plusieurs problèmes logistiques pour un pays à la capacité de projection limitée.
La Libye, en proie à des luttes d’influence, est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Deux autorités se disputent son contrôle : le GNA reconnu par l’ONU et le pouvoir de l’est ayant un gouvernement et un Parlement acquis au maréchal Khalifa Haftar.