Dans un communiqué conjoint rendu public le 7 décembre, à l’issue d’une réunion à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni, se sont ouvertement opposés à l’intervention turc en Libye.
L’UE a souligné qu’elle était « fermement convaincue qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise libyenne », et appelé à une « cessation immédiate des hostilités ». Les Européens craignent que l’intervention militaire d’Ankara en soutien au Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU ne vienne envenimer la situation.
Expliquant aux journalistes la position des 27, qui condamne l’ingérence de la Turquie, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a indiqué que « cela fait référence à la décision turque d’intervenir avec des troupes en Libye ». « C’est quelque chose que nous rejetons et qui accroît nos inquiétudes sur la situation dans ce pays », a-t-il ajouté.
Le ministre allemand Heiko Maas, qui venait de s’entretenir avec ses homologues britannique, Dominic Raab, français, Jean-Yves Le Drian, et italien, Luigi Di Maio, a déploré le fait que la Libye soit devenue « un lieu où d’autres puissances se livrent une guerre par forces interposées ». « Nous ne voulons plus l’accepter », a-t-il insisté.
« La Libye ne représente pas seulement un risque pour les phénomènes migratoires, elle est un risque (...) également pour le danger du terrorisme », a, pour sa part, déclaré le ministre italien, qui était ensuite attendu en Turquie, puis au Caire, en Egypte.
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE, dont Joseph M. Borrell, s’étaient retrouvés en urgence pour évoquer la situation en Libye où le maréchal Khalifa Haftar poursuit son offensive ciblant Tripoli.
Le 6 janvier, les forces de l’homme fort de l’Est du pays, ont annoncé s’être emparées de toute la ville de Syrte, jusque-là contrôlée par les militaires fidèles au GNA, basé dans la capitale libyenne.
Des experts avancent que les combats persistent en Libye parce que plusieurs pays s’y sont engagés dans un conflit par procuration. Le maréchal Haftar est, d’après ces analystes, soutenu par l’Egypte et les Emirats arabes unis – deux rivaux régionaux de la Turquie et d’un autre allié du GNA, le Qatar - qui lui fournissent un appui diplomatique et militaire. La Russie est, quant à elle, soupçonnée d’avoir envoyé des mercenaires pour prêter main forte aux pro-Haftar. Ce que Moscou a toujours démenti.
Outre la Libye, les ministres des Affaires étrangères de l’UE s’étaient entretenus à Bruxelles du dossier portant sur les conséquences de l’assassinat, le 3 janvier, du général iranien, Qassem Soleimani, dans un raid américain à Bagdad. Ce qui était d’une importance capitale parce que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne sont cosignataires de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, dont le président américain Donald Trump a décidé de se retirer en 2018 en réactivant un régime de sanctions, ouvrant la voie à la crise actuelle entre Washington et Téhéran. Et dans la nuit du 7 au 8 janvier, l’Iran a frappé les bases abritant des soldats Américains en Irak. « L’évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu’ici, tout va bien ! », a indiqué dans un tweet le président américain Donald Trump.