Perspectives électorales : le projet de mutation du FCC en parti politique fait débat

Mercredi, Janvier 8, 2020 - 18:00

Après l’échec à la présidentielle du 30 décembre 2018, la plate-forme de Joseph Kabila a beaucoup appris de ses erreurs et veut se transformer en un vrai parti politique pour réaliser sa vision nationaliste et mieux affronter l’enjeu électoral de 2023.

Au Front commun pour le Congo (FCC), l’on travaille déjà sur la perspective électorale de 2023. Les projets et les idées s’entrechoquent dans cette plate-forme politique qui, pour le besoin de la cause, tend à se muer en parti politique. L’enjeu est de taille. A Kingakati où a eu lieu la dernière grand-messe de la « Kabilie », il en a été abondement question. L’idée fait son chemin. Il est question de lever une option idéologique afin de matérialiser l’ambition du président honoraire, Joseph  Kabila, « de travailler avec tous les patriotes et toutes les forces nationalistes au bénéfice de notre peuple et de la République ».

Dans sa récente conférence de presse à Kinshasa, Alain Atundu Liongo, un des principaux communicateurs du FCC, a fait part de la volonté de son regroupement politique de se muer en un grand parti politique fédérateur autour des idéaux de Joseph Kabila. Plus concrètement, le FCC ne devait plus garder sa structure actuelle de plate-forme politique où chaque parti et regroupement politique continuera à garder son autonomie. Il est question que tous les partis et associations affiliés se fondent dans une superstructure sous la férule de l’autorité morale.   

Autant dire que le FCC a tiré les leçons de l’échec de son candidat à la présidentielle de décembre 2018 et veut repartir d’un bon pied dans la perspective des élections de 2023. Pour ce faire, la « Kabilie » est en train de mettre tous les atouts de son coté en commençant par se restructurer de l’intérieur. Et même, la volonté clairement exprimée d’aplanir ses divergences avec l’Eglise catholique fait partie des stratégies concoctées en interne pour ne pas rater le coach en 2023, quand bien même son autorité morale, Joseph Kabila, n’a pas encore décliné ses ambitions politiques futures.

Il s‘agit là d’une gageure pour le FCC qui devra s’atteler à faire adhérer ses membres à une idéologie commune où chacun se reconnaît malgré son identité politique propre. Les réticences des uns et des autres face à ce projet se justifient par la peur de leur disparition sur la scène politique. En se délestant de leurs partis politiques au profit du grand ensemble tel qu’envisagé, certains cadres du FCC redoutent une perte de leur influence politique dès lors qu’ils vont œuvrer dorénavant pour l’émergence de la vision politique d’un seul homme.

Tout en saluant l’initiative qui, pense-t-on, contribuerait à réduire significativement le nombre des partis politiques en RDC, certains analystes craignent néanmoins des obstacles si les animateurs des partis du FCC n’arrivent pas à bien gérer leurs appétits politiques. Les luttes de positionnement et autres querelles intestines déjà difficiles à gérer dans la formule actuelle du FCC ne risqueraient-elles pas de s’exacerber davantage si cette mutation devenait effective ? Une question qui, à en croire Alain-André Atundu, fait partie des sujets de réflexion en cours des discussions au sein de la plate-forme. Dossier à suivre.     

      

Alain Diasso
Légendes et crédits photo : 
André Alain Atundu, communicateur du FCC
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