Des experts réfléchissent et planifient les défis complexes et émergents que les Nations unies rencontreront au milieu de ce siècle, alors que l'organisation se prépare à célébrer son 75e anniversaire.
Alors que l'ONU s'apprête à célébrer son 75e anniversaire, le changement climatique, les nouvelles technologies, les pandémies en matière de santé et les inégalités posent un "test de réalité" au système de l'organisme international, a déclaré son conseiller spécial pour la préparation du 75e anniversaire, Fabrizio Hochschild - nommé en avril 2019 par le secrétaire genéral de l'ONU, António Guterres, pour faciliter un large engagement du public sur la réimagination d'une ONU digne de l'avenir -. Il est préoccupé par un manque de tentatives à mettre en œuvre les ''idées abondantes'' pouvant améliorer le système mondial. En effet, les changements se produisent plus rapidement que nos processus de réflexion ne les suivent, plus vite que les politiques et les actions ne peuvent les digérer. En outre, " nous sommes à un moment très particulier de l'histoire, où les progrès que nous tenons pour acquis dans la plupart des régions du monde au cours des 75 dernières années, il est très difficile de savoir si nous pouvons tenir cela pour acquis pour les 75 prochaines années", a déclaré Fabrizio Hochschild. Il est convaincu que l'ONU pourrait refléter une réalité changeante au cours des prochaines décennies. A condition qu'elle accepte de subir "une reconstruction sérieuse". Mais le flou règne encore sur la façon dont certains changements proposés pourraient se manifester. Richard Ponzio, directeur du programme Just Security 2020 a rappelé qu'une crise de financement systémique majeure secoue le système des Nations unies depuis quatre ans. ''Le problème fondamental est que des institutions comme l'ONU ne suivent pas le rythme du 21e siècle'', a-t-il regretté.
L'ONU, une institution en quête de financements
Après la décision des Etats-Unis de mettre fin à son financement, le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), par exemple, a dû repenser ses stratégies de financement. Ce qui a obligé le secrétaire général de l'ONU à procéder à une réforme interne en 2018. L'Unesco, quant à elle, se trouve à un moment critique et s'efforce de surmonter ses difficultés financières et politiques. Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et d'autres agences, essaient de nouvelles façons de se mettre à niveau. Pour Fred Carver, responsable des politiques à l'Association des Nations unies - Royaume-Uni, '' ce n'est pas par manque d'idées que nous ne progressons pas dans l'amélioration de notre système mondial - les idées sont déjà là. C'est parce qu'il n'y a aucune tentative pour ensuite mettre en œuvre ces idées".
Les grands facteurs de risque
Fred Carver est convaincu que le changement climatique est de loin le plus grand défi, bien qu' il y en a d'autres, ''tous interdépendants de multiples façons". Or le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) a reçu un budget dérisoire d'environ 433 millions de dollars en 2018. Tandis que le Fonds des Nations uUnies pour l'enfance (Fnue) disposait de 2,52 milliards de dollars. Les autres principaux facteurs de risque sont les pandémies et la résistance aux antimicrobiens, les armes de destruction massive, la biodiversité et l'effondrement des écosystèmes. L'une des recommandations des experts consiste à limiter l'attention des Nations unies aux pays les plus vulnérables. Ils proposent, qu'en termes de normes, de principes et d’agendas, le système soit "universel'', et créer "des voies plus claires pour la société civile et l'engagement du public dans le système, ou d'effectuer davantage d'externalisation dans certains cas".
Pour Fred Carver, la question est de savoir si l'ONU est l'organisation la mieux placée pour relever des défis tels que le changement climatique, l'Intelligence artificielle, les inégalités, ou si elle fait déjà beaucoup trop de programmes et de prestations de services - des tâches qui sont mieux exécutées par d'autres, en particulier les acteurs non étatiques. A en croire Fabrizio Hochschild, la direction de l'ONU est d'accord avec l'idée que le changement doit se produire et doit refléter l'opinion publique. Outre le changement climatique, certains thèmes majeurs tels que les technologies émergentes et d'autres devraient gagner en importance au cours des 25 prochaines années. Mais, " nous sommes confrontés à une contradiction fondamentalement dangereuse, dénonce Fabrizio Hochschild: il existe un ensemble croissant de mégatendances qui ne peuvent être traitées que par la coopération internationale. Et en même temps, il y a une sorte de recul par rapport à la coopération internationale. Alors, comment surmontez-vous cela? C'est aussi ce que nous essayons de trouver un moyen de contourner ou de traverser", a-t-il souligné. Il est conscient que le système des Nations unies est ''un navire très lourd - un pétrolier''. Il pense cependant qu'il ne faudrait pas sous-estimer la possibilité de changement, "surtout si nous pouvons rendre plus visibles de vraies voix du monde entier".