L’annonce faite le 13 janvier, au moment où la France réunissait les dirigeants du G5 Sahel pour tenter de resserrer le front anti-djihadiste, hypothèque les efforts déployés par les Européens pour aider les pays de la région.
A son arrivée à Bruxelles pour une réunion du Comité militaire de l’Otan, qui se tient jusqu’au 15 janvier, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a indiqué que les ressources que le Pentagone consacre à l’Afrique ou au Moyen-Orient « pourraient être réduites et ensuite redirigées, soit pour améliorer la préparation de nos forces aux Etats-Unis soit vers le Pacifique ». Le haut gradé de l’armée américaine a assuré que son pays était en train d’« élaborer des options » pour le ministre américain de la Défense, Mark Esper. Et cette réflexion se fait « en coordination avec nos alliés et nos partenaires dans les zones concernées », a-t-il précisé.
Les raisons évoquées par Washington pour réduire, au cours des prochaines années, le nombre de ses militaires déployés à travers le continent africain, est que cela devrait permettre aux autorités américaines de se concentrer davantage sur la réponse aux menaces posées par leurs concurrents russes et surtout chinois.
L’annonce de l’éventuelle réduction de la présence militaire américaine intervient au moment où se tenait le sommet de Pau, en France, sur la sécurité au Sahel. Le président français, Emmanuel Macron, y a réuni, le 13 janvier, ses homologues de cinq pays du Sahel - Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali et Mauritanie - pour renforcer la légitimité contestée des militaires français déployés sur place et tenter de mobiliser les alliés européens.
Une fois le projet de réduction des militaires concrétisé, les opérations conjointes menées par les armées nationales et les 7000 soldats des forces spéciales américaines, déployées par rotations en Afrique, seront donc arrêtées, notamment en Somalie. Outre ces militaires, 2.000 autres de l’armée de terre mènent des missions de formation dans une quarantaine de pays africains et participent à des opérations de coopération, notamment avec les forces françaises de l’opération Barkhane au Mali, auxquelles ils fournissent une assistance principalement logistique.
En attendant, le ministère de la Défense envisage de fermer une base de drones à Agadez, dans le nord du Niger, dont le coût a été estimé à une centaine de millions de dollars. Il s’agit d’une structure qui donne aux Etats-Unis une plate-forme de surveillance de premier plan au Sahel.
Selon le général Mark Milley, et jusqu’à l’heure actuelle, le chef du Pentagone n’a « pris aucune décision » au sujet de la réduction de la présence militaire américaine en Afrique. « Economiser nos forces ne veut pas dire les ramener à zéro », a-t-il assuré, ajoutant que l’examen des forces en Afrique « se poursuit ».