L’ONU a appelé, le 21 janvier, les puissances étrangères engagées dans le conflit libyen et les deux principaux protagonistes à agir « dès que possible » afin de permettre une relance du processus politique visant à mettre un terme à la situation qui prévaut dans le pays.
Dans une déclaration rendue publique à l’issue d’une réunion sur les résultats du sommet tenu le 19 janvier à Berlin, les membres du Conseil de sécurité ont exhorté les parties libyennes « à s’engager de manière constructive dans la commission militaire conjointe dite 5+5 afin de conclure un accord de cessez-le-feu dès que possible ».
Le Conseil a insisté sur la nécessité de mettre au point cette commission, qui est un acquis du sommet de Berlin parce qu’elle doit se réunir prochainement. Formée de cinq officiers issus du camp du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen, et de cinq officiers représentant le gouvernement d’union (GNA) de Fayez al-Sarraj, basé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, cette commission a une mission déterminée. Elle doit définir sur le terrain les mécanismes de mise en œuvre d’un accord de cessez-le-feu devant succéder à la trêve observée par les deux parties depuis le 12 janvier.
Evoquant les résultats de la conférence de Berlin, les membres du Conseil de sécurité s’en sont félicités. En effet, à l’issue du sommet sur la Libye, tenu dans la capitale allemande, les principaux pays concernés par le conflit avaient promis de ne plus interférer dans les affaires libyennes et de respecter l’embargo sur les armes imposé depuis 2011 pour la Libye et jusqu’ici allègrement violé.
Selon un diplomate qui a requis l’anonymat, le Conseil de sécurité devrait commencer à discuter d’un projet de résolution sur la Libye dans les jours à venir. En attendant la rencontre, la Russie plaide déjà pour que ce projet soit concentré sur les résultats du sommet de Berlin.
Une résolution réclamant une trêve jamais adoptée à l’ONU
Le Conseil de sécurité appelle maintenant les parties libyennes à finaliser le cessez-le-feu alors que depuis l’offensive militaire déclenchée le 4 avril par le maréchal Khalifa Haftar pour s’emparer de Tripoli, l’institution s’est montrée incapable de parvenir à une résolution réclamant une trêve et un retour à un processus politique.
L’actuel homme fort de la Cyrénaïque est soutenu par la Russie, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte. Quant à Fayez al-Sarraj, il bénéficie du soutien de la Turquie et du Qatar.
Pour le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui s’exprimait à l’issue de la réunion du Conseil de sécurité, la réunion de Berlin a été un « début » assez concluant. « Il y a encore un long chemin à parcourir. Nous avons une trêve. Une trêve qui subit des violations mais pas de larges violations, elles sont localisées jusqu’à présent », a-t-il déclaré.
Jerry Matthews Matjila, ambassadeur de l’Afrique du Sud a dit, de son côté, espéré que l’Afrique, « marginalisée » jusqu’à présent, allait être associée dans le processus international qui s’engage pour résoudre la crise libyenne.
Plusieurs pays africains se sont plaints ces dernières semaines d’avoir été tenus à l’écart du processus dit de Berlin. En 2019, l’Union africaine avait réclamé que l’émissaire en Libye ait la double casquette ONU et UA, mais cette idée a été jusqu’à présent rejetée par les Occidentaux.
Par ailleurs, l’Algérie qui partage près de mille kilomètres de frontière avec la Libye multiplie les consultations pour tenter de contribuer à une solution politique. Après le Premier ministre italien Giuseppe Conte, et les chefs de la diplomatie turque, égyptienne italienne, française, Jean-Yves Le Drian, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est attendu le 26 janvier à Alger pour une visite de deux jours.