Après le report des législatives, le chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé, a fixé au 1er mars la date du référendum sur le projet de la nouvelle Constitution, couplée aux élections législatives.
Le décret convoquant le corps électoral pour le couplage des élections législatives ainsi que le référendum pour la nouvelle Constitution en Guinée a été rendu public le 4 février. « C’est une astuce pour amener davantage de personnes aux urnes. Les législatives sont présentées comme une opportunité, un tremplin pour faire passer le référendum. Dès lors que les gens accepteront d’aller voter pour les législatives, on va considérer que les mêmes personnes auront voté pour le référendum », a estimé Abduramane Sanoh, coordonnateur du Front national pour la défense de la Constitution.
Et de poursuivre : « Ce qui va être simple pour le pouvoir, c’est de donner un résultat au finish qui devrait dire que la majorité a voté pour la nouvelle Constitution. L’enjeu pour lui, ce n’est pas les législatives mais en entraînant les gens aux législatives et en faisant le couplage, c’est de faire voter pour une nouvelle Constitution. Ce qui lui permettrait de mettre tout à plat et de se présenter à la prochaine élection présidentielle ».
De son côté, le pouvoir avance des raisons pratiques pour justifier ce couplage. « Sur le plan économique, ça va coûter moins cher et ça va faciliter la mobilisation des militants. On n’a pas deux campagnes à faire. On mobilise les militants pour deux scrutins en même temps. Ce n’est pas une manœuvre politicienne » et que malgré leur couplage, il s’agit de deux scrutins indépendants l’un de l’autre. « Les gens sont libres de leur choix. Ce n’est pas les mêmes élections, ce sont des urnes différentes », a assuré Papa Koly Kourouma, directeur de campagne de la mouvance présidentielle.
Ce nouveau texte fondamental provoque une forte défiance. Depuis octobre, à l’appel du Front national pour la défense de la Constitution, une coalition de la société civile et des partis politiques de l’opposition, les manifestations se multiplient dans le pays contre cette modification constitutionnelle devant permettre au président Condé de briguer un 3e mandat. Ces manifestations ont déjà fait une trentaine de morts.