Forum Afrique 2020 - Une Zone de libre-échange africaine continentale plutôt fragile

Lundi, Février 10, 2020 - 17:30

Porteuse d’espoirs, la mise en place de la ZLECA prévue le 1er juillet, s'annonce fragile, chaotique, parsemée d'embûches, longue et difficile.

En raison du nombre de barrières à lever et de la contradiction qui va entourer les pays africains. C'est ce qui ressort du forum Afrique 2020 qui s'est tenu le 7 février à Paris, dont le thème était : "ZLECA : utopie ou projet raisonnable ? ". Son organisation était assurée par le groupe de presse MOCI et le CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique).

Pour les participants, la construction de la future Zone de libre-échange continentale africaine, - elle sera mise en place à partir du 1er juillet 2020, sera "lente", très "progressive", voire  "cahotique". Il s'agit de
stimuler le commerce intra-africain, maintenir la croissance, conforter l'intégration régionale

Le traité de ZLECA a été signé par 54 des 55 pays africains, à l’exception de l' Érythrée. Ce marché unique va rassembler 1,2 milliard d’habitants, pour une croissance moyenne du PIB de 3,2 % en 2019, et devrait stimuler le commerce intra-africain (16 % des échanges du continent, 60 % espérés dès 2022 et 70 % à 80 % dans un proche). Ce qui donne espoir. Mais pour u parvenir concrètement, "il faut que les politiques se mettent à travailler avec la société civile et les chefs d’entreprise pour mettre en conformité les législations respectives dans chaque pays, notamment en matière douanière", a déclaré Nayé Anna Bathily, responsable des Relations avec les parlementaires au sein de la Banque mondiale. Elle a aussi invité à la "patience" , étant donné que " tous les pays n’en profiteront pas en même temps".

Pour Axel Pougin de la Maisonneuve, de la Direction générale Développement et Coopération internationale (DGDCI) de la Commission européenne, "il faut veiller à ce que la ZLECA ne fasse pas que renforcer les actuels grands corridors de croissance  [Afrique du Sud, Égypte, Maroc...], mais qu’elle soit redistributive et profite également à d’autres zones", comme les pays du Sahel. L'Union européenne (UE) va apporter une aide 60 millions d’euros, destinée à la mise en place du secrétariat général de la ZLECA, et son expérience "pour contrecarrer l’expansionnisme chinois", a-t-il dit, notamment en se dotant "de normes de haut niveau".

Lamia Merzouki de Casablanca Finance City Authority pense que " si on veut se développer, il faut réaliser notre intégration régionale ", et "les États doivent être poussés par les entreprises". Pour Marc Bandelier, directeur général de CFAO FMCG & AGRI, "nous voulons croire à la ZLECA, mais elle ne se fera pas avant longtemps ", à cause des "nombreuses barrières: douanières, infrastructurelles et liées aux normes", etc. Il est cependant préoccupé des égoïsmes nationaux, citant la fermeture des frontières terrestres du Nigeria "au commerce, obligeant toutes les entreprises à passer par ses ports" et les embouteillages- le coeur de la contradiction.

Lamia Merzouki appelle à intégrer la ZLECA  dans les visions stratégiques à long terme.

Noël Ndong
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