Le chef de l’État malien s’exprimait, le 10 février, dans une interview, en marge du sommet de l’Union africaine (UA), à Addis- Abeba, en Éthiopie.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta a confirmé notamment des échanges avec les chefs jihadistes Iyad Ag-Ghaly et Amadou Koufa afin de tenter de mettre fin au terrorisme.
« Parler avec les djihadistes et lutter contre le terrorisme ne sont pas antinomiques. J’ai le devoir et la mission aujourd’hui de créer tous les espaces possibles et de tout faire pour que, par un biais ou un autre, on puisse parvenir à quelque apaisement possible. Il est temps que certaines voies soient explorées », a-t-il affirmé.
Le président malien ne se dit toutefois « pas naïf » quant aux intentions de ses interlocuteurs. « Nous ne sommes pas des grands candides, mais nous ne sommes pas des gens obtus non plus », a-t-il expliqué.
Il a, en outre, fait savoir que l'armée malienne devrait arriver le 13 février à Kidal. Une ville du nord du pays qui échappe à son contrôle depuis 2014.
Selon la mission de l’ONU dans le pays (Minusma), le retour de l’armée malienne dans la ville symbole de Kidal, contrôlée par d’anciens rebelles séparatistes touaregs, constituerait une « étape déterminante dans la mise en œuvre » de l’accord de paix d’Alger de 2015.
L’application de cet accord est considérée comme un facteur primordial d’une sortie de crise au Mali, confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
« Sans Serval, que serions-nous aujourd’hui ? »
Le chef de l'Etat malien a qualifié la situation actuelle au Sahel de « très préoccupante » et dénoncé l’arrivée « d’éléments » venus de Syrie et d’Irak, via la Libye. Il a affirmé, à ce titre, que la réunion du G5 Sahel organisée le 13 janvier 2020 à Pau en France autour d’Emmanuel Macron a été « utile ».
Le président Ibrahim Boubacar Keïta a nié par ailleurs toute « duplicité » vis-à-vis de la France, et condamné ceux qui manifestent contre la présence française, indiquant qu’ils sont « anti-Maliens ». « Sans Serval, que serions-nous aujourd’hui ? », s’est-il interrogé?.
Il s’est dit optimiste quant au maintien d’une présence militaire américaine dans la région malgré les indications de retrait de Washington, soulignant que cette présence était plus nécessaire face à des groupes de plus en plus aguerris et meurtriers.
Dans la capitale éthiopienne, il a pris part aux côtés de ses pairs africains au 33e sommet de l’Union africaine (UA) dont les assises se sont tenues du 9 au 10 février, avec au menu des sujets comme la crise libyenne, la crise au Sahel et la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale (Zlec). « Faire taire les armes crée des conditions propices au développement de l’Afrique», c'est le thème de ce sommet.