La plate-forme Cap pour le changement (Cach) que pilotent, en tant que partenaires politiques, les deux partis phares, en l’occurrence l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et l'Union pour la nation (UNC), traverse une mauvaise passe.
La concorde affichée autrefois, en période électorale, contraste nettement avec la désharmonie qui semble s’installer dans ce regroupement politique actuellement aux commandes de l'Etat. Officiellement, rien de tel n'apparaît étant entendu que le chef de l’Etat et son directeur de cabinet, ont toujours fait preuve de dépassement pour sauvegarder l’édifice qu’ils ont bâti au prix de sacrifices et de concessions. Au-delà de leurs casquettes de président de la République et de directeur du cabinet présidentiel, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, sont chefs de file de leurs partis respectifs et, par conséquent, sont astreints à jouer constamment aux sapeurs-pompiers lorsque tout se gâte autour d’eux.
Pour combien de temps ? pourrait-on être tenté de s’interroger lorsqu’on sait que l’UDPS et l’UNC condamnés, au nom d’un deal passé entre leurs leaders respectifs, se supportent difficilement. Déjà, au sein du cabinet présidentiel, les tendances sont clairement affichées et la collaboration entre « Tshisekedistes » et « Kamerhistes » procède plutôt d’une vue de l’esprit. Les uns et les autres ont tendance à tirer la couverture de leur côté. Tout projet qui va dans le sens de bonifier l’image d’un des partenaires est toujours sujet aux tergiversations jusqu’à son étouffement, rapportent des indiscrétions.
La goutte d’eau qui a débordé le vase est, sans nul doute, la gestion du programme intérimaire d’urgence de cent jours initié par Félix Tshisekedi, particulièrement le projet de construction des sauts-de-mouton à travers la ville de Kinshasa actuellement sous un audit qui risque de faire tâche d’huile. Rajoutant une couche à la volonté exprimée par le chef de l’Etat de voir clair sur ce dossier, la hiérarchie de l'UDPS soupçonnerait, d’ores et déjà, des détournements des fonds alloués à ces travaux évalués à plus de 300 millions USD. Le directeur de cabinet du chef de l'Etat, qui a été le point focal dans la gestion dudit dossier à l’absence du gouvernement qui a tardé à se mettre en place, n’échappe guère aux pics que les responsables de l’UDPS lui ont avancés.
Sans le citer nommément, les insinuations de Jean-Marc Kabund et d’Augustin Kabuya, respectivement président a.i et secrétaire général du parti, convergent vers le leader de l’UNC à qui on a opposé récemment des chiffres en rapport avec le niveau d’exécution des travaux de sauts-de-mouton. « Les jours passés, nous avons entendu quelqu’un (Kamerhe) dire à la radio que les travaux de cent jours sont déjà réalisés à la hauteur de 70%. De là où nous venons, ce projet-là n’est même à 30% en termes de réalisation », avait récemment déclaré Jean-Marc Kabund à l'issue d’une ronde effectuée sur les différents chantiers de ces ouvrages disséminés à travers la ville. Dans les milieux de l’UDPS, l’on entrevoit des « manœuvres sordides » à la présidence de la République pour, dit-on, « provoquer le soulèvement de la population contre Félix Tshisekedi ».
Du berger à la bergère
A l’UNC, l’on supporte mal ces attaques contre Vital Kamerhe. De passage récent à Walungu (Sud-Kivu), un cadre de ce parti, en la personne du député Amato Bayubasire, a lancé un message « comminatoire » en direction du parti présidentiel qu’il a mis en garde. « Il est étonnant de constater que certains partenaires même au sein du Cach s'en prennent à Vital Kamerhe. Ils choisissent tout ce qui ne marche pas pour lui imputer. Et ce qui marche, ils disent que c'est l'UDPS et le président de la République. Ils veulent nous pousser à commencer à dire chaque fois qui est à la base de telle ou telle autre idée ! », s’est-il plaint.
En posture de défenseur attitré de son leader, cet élu du peuple s’est dit prêt à tous les coups pour préserver l’image de son leader en passe d’être écornée par des allégations qu’il estime truffées de mensonges. « Nous refusons et nous condamnons ce combat, nous allons nous battre pour protéger la dignité et la personnalité de Vital Kamerhe et dire qu'il n'a jamais touché dans le Trésor public », a-t-il ajouté. En attendant les mots d’ordre des principaux concernés dans cette affaire, les membres de l’UDPS et de l’UNC mènent présentement une guerre larvée qui, si on n’y prend garde, risquerait d’emporter la plate-forme Cach et impacter négativement la coalition avec le Front commun pour le Congo.