Décédé le 25 février à l'âge de 91 ans, l'ancien président égyptien, Hosni Moubarak a été inhumé le 26 février, au cimetière familial à Héliopolis. Auparavant, les Egyptiens lui ont rendu un hommage digne de son rang.
La cérémonie officielle a été présidée par l’actuel chef d’Etat Abdel Fattah al-Sissi. Plusieurs Egyptiens ont été mobilisés ce mercredi pour assister aux obsèques officiels d’Hosni Moubarak. Des autorités politico-administratives et militaires ont fait le déplacement afin de rendre un dernier hommage au héros de la guerre d’octobre 1973 contre Israël, durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air. Plusieurs canons étaient alignés devant la mosquée al-Mouchir Tantaoui, dans l’est du Caire, en vue de l’hommage militaire.
L’ex-dirigeant a régné pendant trois décennies à la tête du pays. Il fut renversé en 2011 par le printemps arabe avant d’être poursuivi dans plusieurs affaires judiciaires de même que ses fils. Il a été inhumé dans le cimetière familial à Héliopolis, dans l’est de la capitale. Au Caire, les réactions restent mitigées sur le passé de l’homme d’Etat.
Retour sur son parcours
Jeune homme d'origine modeste, Hosni Moubarak était né le 4 mai 1928 dans le delta du Nil et avait pourtant accompli un parcours sans faute sous l'uniforme. Pour lui, l’armée égyptienne avait servi de promoteur social. Dès sa sortie du lycée, il intègre l’Académie militaire égyptienne, puis en 1950, l’Académie de l’armée de l’air dont il sort major de sa promotion.
Ensuite il grimpe avec une facilité déconcertante tous les échelons de la carrière pour prendre, en 1964, la tête de la délégation de l’armée égyptienne en URSS et s’illustrer lors de la guerre du Kippour en 1973. Une montée en puissance qui lui valut au passage de devenir le numéro deux du Parti national démocratique, vice-président de la République, mais surtout d’endosser le statut intangible de héros national.
Hosni Moubarak devient le bras droit du président Anouar al-Sadate. En 1981, Sadate est assassiné par des islamistes ; l’état-major choisit Moubarak pour lui succéder à la tête du pays. L’État d’urgence est alors décrété et n'est levé qu'en 2012. Le nouveau raïs n’eut alors de cesse d’instaurer une mainmise sans faille sur tous les rouages de l’État.
Au cours de son exercice au sommet de l’Etat, Hosni Moubarak a bénéficié du soutien des États-Unis, en espèces sonnantes et trébuchantes, une « récompense » indirecte des accords de Camp David, signés en septembre 1978 aux États-Unis, entre Israël et l’Égypte. Ainsi, depuis 1980, l’« ami américain » investit quelque 36 milliards de dollars dans les forces armées égyptiennes, comme le rappelle, en 2008, Margaret Scobey, ambassadrice américaine en poste au Caire dans une note adressée au général David Petraeus alors commandant en chef des armées américaines au Moyen-Orient.
Six fois on a tenté de tuer Moubarak
Moubarak et l’armée ont formé, en trois décennies, un tandem parfaitement en phase. Ce pas de deux ne s’est désaccordé qu’à partir de la révolte de 18 jours qui a fait tomber Moubarak en 2011.
Depuis son accession à la tête du pays, ses adversaires ont tenté six fois d’assassiner le raïs. Entre émeutes ou manifestations durement réprimées, et la multiplication d’attentats revendiqués ou attribués aux groupes islamistes, le régime Moubarak manie plus facilement la trique que l’ouverture politique. Pourtant, en 2003, sous l’influence de son fils Gamal qu’il aurait aimé voir lui succéder, il annonce des mesures de démocratisation politique. Les législatives de 2005 favorisent ainsi une percée historique des Frères musulmans, une formation interdite, mais tolérée, qui compte désormais 88 députés sur 454.
L’ouverture fut de courte durée : les Frères musulmans n’obtinrent aucun siège lors du premier tour des législatives de 2010. Dénonçant des fraudes de la part du pouvoir, ils boycottent le second tour. Le Parti national démocratique rafle 85 % des sièges. Le vieux président est malade, des rumeurs sur sa mort font frémir régulièrement le pays et la Bourse s’en inquiète plus que son peuple.
Le 25 janvier 2011 fut décrété « jour de colère » par les opposants du régime. Pendant 18 jours, les manifestations se multiplient dans le pays alors que l’opposition montre sa capacité de mobilisation place Tahrir, au Caire. Chaque jour, les Égyptiens sont plus nombreux à exiger le départ de Hosni Moubarak qui finit par renoncer à ses fonctions et s’enfuit avec sa famille à Charm el-Cheikh. Huit-cent-cinquante personnes furent tuées, et il y eut des milliers de blessées au cours de la révolte égyptienne.
À vouloir s’accrocher à tout prix, Hosni Moubarak avait tout perdu : son influence politique dans la région, son puissant allié américain, l’appui vital de l’armée, pour finir réfugié dans une station de vacances avant d'être transféré au Caire pour y être jugé et condamné à vie le 2 juin 2012. Saisie, la Cour de cassation avait annulé la sentence pour d'obscurs motifs de procédures et ordonné un nouveau procès dont il était ressorti blanchi fin novembre 2014.