Chronique : appliquer la taxe carbone pour les pays pollueurs

Jeudi, Mars 12, 2020 - 20:14

La taxe carbone est un impôt environnemental direct, proportionnel aux quantités de dioxyde de carbone (CO2) émises lors de la production et de l’usage d’une ressource, d’un bien ou d’un service.

Le principe de la taxe carbone est simple : plus un produit émet de gaz à effet de serre ou d’équivalents CO2, plus il est taxé. C’est une application directe du principe « pollueur-payeur ». Un des principaux exemples de taxe carbone est la taxe carbone sur les carburants et combustibles fossiles ou composante carbone appliquée en France depuis 2014 par exemple.

L’objectif premier de la taxe carbone s’inscrit dans le cadre des mesures destinées à lutter contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de CO2, le plus courant des gaz à effet de serre. Elle vise à sanctionner financièrement ces émissions, sur le principe du pollueur-payeur, et donc à inciter les producteurs et consommateurs à des pratiques plus vertueuses dans ce domaine. Selon les modalités de prélèvement, la taxe carbone peut être payée en amont sur l’utilisation des énergies fossiles, ou en aval par le consommateur. C’est lors du Protocole de Kyoto (Japon) en 1997 que pour la première fois un accord international fait état de l’idée d’une taxe carbone. Le Protocole prévoyait initialement la nécessité d’imposer une taxe carbone au niveau international afin d’encourager les entreprises et les particuliers à se tourner vers des alternatives plus écologiques.

Cependant, des critiques émergent rapidement autour de l’idée de la taxe carbone. Entreprises et consommateurs estimant que cela pourrait nuire au pouvoir d’achat en faisant augmenter les prix. Les industriels proposent alors un autre système, le marché du carbone, qui permet aux entreprises d’échanger des quotas carbone sans subir de taxation. Critiqué, ce système donnera lieu à des mécanismes spéculatifs divers qui pousseront plusieurs pays à ne plus en tenir compte. En 2015, à la COP21 à Paris, on reparle de la taxe carbone qui réapparaît comme une nécessité si l’on veut réellement lutter contre le réchauffement climatique.

Malheureusement, tous les pays signataires engagés dans des mesures de diminution des émissions de gaz à effet de serre peuvent l’appliquer selon leur bon vouloir. Pour exemple : en Grande-Bretagne, elle touche uniquement l’industrie et le commerce, alors qu’au Danemark, elle concerne aussi bien les particuliers que les entreprises et l’administration. En France, la taxe carbone décidée en 2014 sur les carburants fossiles polluants, afin d’augmenter progressivement le prix des carburants les plus polluants pour inciter consommateurs et entreprises à se tourner vers des alternatives moins polluantes comme la voiture électrique, les mobilités douces, les transports en commun ou des modes comme le fret pour le transport de marchandises, est devenue impopulaire depuis que le gouvernement français souhaitait augmenter progressivement son coût. Le mouvement des gilets jaunes a retardé depuis cette hausse annoncée.

La taxe carbone est donc largement considérée comme un outil fondamentalement nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique, même si elle est parfois critiquée dans ses modalités d’application par exemple : qui paye, où va l’argent, dans quelles conditions. Certains considèrent que le consommateur final, c’est-à-dire les citoyens, ne devrait pas avoir à payer la taxe carbone des produits ou services qu’ils consomment bien qu’ils en soient les bénéficiaires finaux, préférant faire appliquer ce type de taxe aux acteurs intermédiaires, à savoir les entreprises.

En Afrique, continent qui subit le plus les effets du réchauffement climatique, ce débat ne concerne en réalité que quelques pays à l’instar de l’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, qui figure au rang de quatorzième pays le plus pollueur de la planète, à cause de sa forte dépendance du charbon pour sa production d’électricité. Rappelons à titre d’exemple qu’en Chine, premier pollueur de la planète, en Inde ou en Afrique du Sud, une taxe carbone de 35 dollars réduirait de 30% les émissions polluantes, ces pays utilisant de manière intensive le charbon, ressource extrêmement polluante. En revanche, dans neuf pays qui utilisent peu le charbon tel que la Côte d’Ivoire, le Costa Rica ou la France, l’effet serait de moins de 10%.

Boris Kharl Ebaka
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