Coronavirus: la pandémie progresse dans le monde

Mercredi, Mars 18, 2020 - 18:40

L'Europe est désormais le continent où la pandémie progresse le plus rapidement. Dans les pays les plus touchés, le confinement ralentit les économies.

Avec 200.680 cas de coronavirus recensés mercredi à la mi-journée, une partie de plus en plus grande de la planète est à l'arrêt, apprenant à vivre à la maison. Un chiffre qui ne reflète qu'une partie du nombre de malades infectés du fait de la politique de dépistage adoptée par beaucoup de pays consistant à ne tester que les cas nécessitant une hospitalisation. Mercredi midi, 8.092 décès étaient déclarés dans le monde, la majorité en Europe et en Asie, foyer initial de la contagion.

Mais avec ses 684 nouveaux décès ces dernières 24 heures pour 78.766 cas, l'Europe est le continent où la pandémie progresse le plus rapidement. Elle poursuit notamment sa hausse spectaculaire en Espagne qui compte désormais plus de 13.700 cas et près de 600 morts. L'Iran pour sa part a annoncé, mercredi, 147 décès supplémentaires, un nouveau record journalier dans un pays parmi les plus touchés par la pandémie avec 1.135 morts au total.

Ces dernières 24 heures, un premier décès a été déclaré en Turquie, au Bangladesh, en Moldavie à Cuba et au Burkina Faso qui vient d’enregistrer sept nouveaux cas, ce qui porte le nombre de malades à 27. Désormais le nombre total de cas de coronavirus s'élève à 576 dans toute l'Afrique (Afrique du nord et subsaharienne), dont 15 décès (6 en Egypte, 5 en Algérie, 2 au Maroc, 1 au Soudan et un au Burkina Faso).

Selon les pays et le niveau de contamination, les mesures prises par les autorités pour faire face à la propagation varient. L'Union européenne a fermé mardi ses frontières extérieures pour trente jours. La France, après l'Italie et l'Espagne est en confinement général pour au moins 15 jours. La Belgique s'est confinée mercredi jusqu'au 5 avril. En Allemagne, la population a été appelée à rester à la maison ; au Royaume-Uni, elle doit éviter tout déplacement non essentiel, comme en Israël. En Russie, où les frontières sont fermées aux étrangers, les écoles fermeront du 23 mars au 12 avril et les vols vers la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et les Emirats arabes unis seront suspendues à partir du 20 mars.

Le Pakistan, où les cas augmentent, refuse pour sa part de confiner ses villes. "Si nous confinons les villes, nous sauverons leurs habitants du coronavirus d'un côté, mais ils mourront de faim de l'autre", a expliqué le gouvernement.

La Suisse, l'Arménie, la Moldavie et le Kazakhstan ainsi que deux régions d'Ukraine et une du Kirghizstan ont déclaré l'état d'urgence. Mêmes mesures pour les deux plus grandes villes du Brésil, Rio de Janeiro et Sao Paulo. Le président chilien Sebastian Piñera a décrété mercredi "l'état d'exception constitutionnel pour catastrophe" permettant le déploiement de l'armée pour le maintien de l'ordre dans le pays, qui compte désormais plus de 200 cas déclarés du nouveau coronavirus. Aux Etats-Unis, la mise en place du confinement de la population semble inévitable.

Dans ce contexte de crise, plus de 850 millions de jeunes dans le monde, soit près de la moitié de la population d'écoliers et d'étudiants, sont confinés chez eux, sans accéder à leurs établissements d'enseignement, a annoncé l'Unesco.

Il reste que pendant que l'Europe se terre, la Chine sort prudemment de son hibernation virale : le nombre de nouvelles contaminations se rapproche chaque jour de zéro et le pays commence à renouer avec un semblant de vie. Hors de la province du Hubei, le berceau du Covid-19 toujours placé en quarantaine, les commerces, fermés pendant près de deux mois, rouvrent progressivement leurs portes. Le port du masque reste néanmoins de mise et la prise de température est incontournable à l'entrée de la moindre supérette.

L’économie est mise à mal par le confinement

"La question n'est pas de savoir s'il y aura une récession induite par le coronavirus mais à quel point elle sera grave", affirmait mercredi un analyste financier. Et de fait, dans les pays sévèrement touchés, l’activité est au repos. Rues désertes et peur rampante, l’économie est mise à mal par le confinement. Partout dans le monde, les liaisons aériennes ont pâti de l'épidémie et des mesures de blocage destinées à en freiner l'expansion.

En dépit des milliards promis par les grandes puissances pour soulager l'économie mondiale face à la crise du coronavirus, rien ne semblait pouvoir enrayer mercredi le dévissage des places boursières, qui s'est encore accentué à la mi-journée en Europe alors que les Etats-Unis se préparaient à de nouvelles turbulences. A l'instar de Tokyo, les principales places boursières européennes ont accusé mercredi des pertes, tandis que le Dow Jones s’enfonçait aux Etats-Unis.

Un grand nombre de banques centrales ont abaissé leurs taux directeurs et plusieurs grands pays ont annoncé de larges soutiens budgétaires mais tant que le virus persiste, les marchés semblent douter de l'efficacité de telles mesures.

En France, le patronat s'inquiétait mercredi de l’arrêt de l'activité économique, y compris dans les secteurs essentiels, en raison du "changement d'attitude extrêmement brutal" des salariés. Le gouvernement a encouragé ces derniers à ne pas déserter leurs entreprises quand elles fonctionnent.

En Europe, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a admis que les responsables politiques avaient tous sous-estimé l'ampleur du danger représenté par la pandémie.

Médicaments contre le coronavirus : gare aux recherches trop hâtives

La recherche d'un vaccin et de traitements contre le coronavirus est certes cruciale, mais ne doit pas se faire à la va-vite, et doit respecter des protocoles qui garantiront leur efficacité et leur sûreté, estime un expert chinois dans une tribune publiée par la revue Nature. "Il est essentiel que nous travaillions aussi dur et aussi vite que possible pour mettre au point des traitements et des vaccins largement disponibles partout dans le monde. Mais il est important de ne pas prendre de raccourcis", juge Shibo Jiang, professeur de virologie à l'Université Fudan de Shanghaï, en Chine, et au New York Blood Center, une institution américaine. « Combattre cette maladie nécessite un vaccin sûr et efficace », poursuit cet expert. Les autorités sanitaires américaines ont annoncé lundi le premier essai clinique pour tester un vaccin contre le nouveau coronavirus, mais il faudra encore au moins un an avant qu'il soit disponible si tout se passe comme prévu. Outre les vaccins, des traitements sont également à l'étude à travers le monde, dans l'espoir de soigner les malades. Certains se basent sur des molécules déjà connues (comme le remdesivir) voire déjà utilisées contre d'autres maladies (comme la chloroquine contre le paludisme). Mais même si elles ont déjà fait leurs preuves dans d'autres cas, on ne connaît pas leur efficacité contre le coronavirus, souligne Shibo Jiang.

Encadré Dans le concert des recommandations sanitaires mondiales consistant à éviter au maximum les contacts physiques, le pape François a rappelé aux familles confinées l'importance des gestes de tendresse, comme "un plat chaud, une caresse, un câlin, un appel téléphonique".

Bénédicte de Capèle avec AFP
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