Covid-19/ Italie : la Chine fait perdre à l'Europe le monopole de la générosité

Lundi, Mars 23, 2020 - 15:37

L'Europe détenait un monopole, celui de la générosité. L'épidémie de coronavirus a fait perdre cette faculté sur son propre territoire, au profit de l'Asie.

Une équipe médicale chinoise a atterri le 19 mars à l’aéroport de Rome Fiumicino. Objectif : aider l’Italie à contenir la nouvelle épidémie de coronavirus. C’est la troisième équipe d’experts envoyée à l’étranger par les autorités chinoises, la première en Iran, et la troisième en Irak. C'est une équipe médicale composée de neuf membres, notamment des réanimateurs dont le professeur renommé de réanimation cardio-pulmonaire, Liang Zongan, des pédiatres, des infirmières et des personnalités. Ils ont géré l’épidémie en Chine. Leur avion transportait aussi plusieurs tonnes d’équipement et de fournitures médicales, dont des ventilateurs, des moniteurs et des défibrillateurs, permettant de mettre en place 30 unités d’équipements de soins intensifs, et des dizaines de milliers de masques et autres appareils médicaux.

Le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, a remercié, lors d’une conférence de presse, l’aide chinoise et la coopération en cours d’élaboration. ''Ce soir, l’Italie n’est pas seule. De nombreuses personnes dans le monde nous soutiennent '', a-t-il déclaré tout ému. Rome a pourtant déclenché le mécanisme européen de protection civile le 26 février. Il semble qu'il n’ait rien reçu. Le commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarcic, a bien lancé un appel lors du conseil exceptionnel des ministres de la Santé, le 6 mars, pour ''travailler dans un esprit de coopération''. Les mécanismes de l’UE visant ''à soutenir les États membres dépendent de la solidarité''', a-t-il reconnu un peu dépité, devant le manque de réponses.

L’Allemagne qui avait bloqué (comme la France) toute exportation de masques en dehors du pays ''se prépare à fournir une quantité importante de masques à l’Italie'', a assuré un porte-parole de la Commission. A cause de ces retards, l’Europe vient de perdre une bataille sur son propre territoire et son domaine normalement réservé : l’aide humanitaire et la solidarité entre les États membres. Comme le cas pour la Grèce, il y a dix ans, où elle en avait été réduite à quémander l’aide du Fonds monétaire international, l'Italie, l'un de ses plus puissants États en est aujourd’hui réduit à quémander l’aide extérieure, ne recevant pas suffisamment de l’aide intérieure. Mais les remerciements à l’aide chinoise ne semblent pas être une pure courtoisie. Ceci devrait laisser des traces. La nouvelle route de la soie, à visée politico-économique, trouve ici sa justification. Les Européens affaiblis se font déborder sur leur domaine de prédilection.

Noël Ndong
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