Des heurts ont perturbé, dimanche en Guinée, le référendum constitutionnel et les législatives, faisant des morts et des blessés.
L’opposition qui accuse le président Alpha Condé de se frayer une voie vers un troisième mandat a choisi de boycotter les élections.
Le vote a commencé à l’heure indiquée, mais des partisans de l'opposition ont attaqué des gendarmes devant des bureaux de vote dans une école. Une autre école dans la même zone a été également attaquée et le matériel électoral saccagé, en l'absence d'électeurs, selon des témoins.
Du matériel électoral a également été détruit dans certaines localités, selon d'autres témoins. « J’espère que tout se passera dans la paix et la tranquillité et que le peuple guinéen, comme en 1958, montrera sa maturité », a déclaré le président Alpha Condé, en allusion au nom de la Guinée, ex-colonie française, au référendum qui a ouvert la voie à l’indépendance de ce pays ouest-africain.
Le référendum constitutionnel et les législatives avaient été reportés à la dernière minute il y a trois semaines dans un climat de vives tensions. C'est surtout la Constitution qui déchaîne les passions. Depuis mi-octobre, des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens sont descendus dans la rue contre l’intention prêtée à Alpha Condé d’essayer de se succéder à lui-même fin 2020.
Au moins trente-et-un civils et un gendarme ont été tués. Des dizaines d’opposants ont été arrêtés et jugés. Les brutalités policières sont constamment dénoncées. Alpha Condé a été élu en 2010 et réélu en 2015. L’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats, la nouvelle que propose le président guinéen également.
Alpha Condé a assuré qu’il s’agit de doter son pays d’une Constitution « moderne ». Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l'excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres. Les remises en cause internationales quant à la crédibilité du vote se sont succédé, étayées par la présence sur les listes électorales de 2,5 millions de noms douteux, soit le tiers du fichier. L'opposition avait promis de boycotter le vote et d'en empêcher la tenue.
Des chefs d'Etat ouest-africains ont annulé leur mission de bons offices en Guinée. Avant le vote initialement prévu le 1er mars, deux grandes organisations régionales avaient renoncé à déployer ou avaient rappelé leurs observateurs.