Dans une période difficile, puisons des forces dans l'écoute de la musique congolaise de l’époque insouciante d’antan. Cette semaine, "Maswa enani ", un hymne de Michel Boyibanda à la gloire des habitants des deux rives du majestueux fleuve Congo, si loin de certains de nos lieux respectifs de confinement.
Le journaliste Clément Ossinonde, auteur de plusieurs ouvrages sur la musique congolaise, situe la composition musicale de Michel Boyibanda en avril 1964, au lendemain de la révolution des trois Glorieuses des 13, 14 et 15 août 1963 au Congo.
Quand le chanteur brazzavillois démissionne de l’orchestre Les Bantous de la Capitale, il traverse le Pool Malebo et intègre l’orchestre Ok Jazz. Au cours d’une répétition, contre l’avis de Vicky Longomba qui doute de ses qualités d’interprète, Kwami lui accorde l’occasion de chanter en public le 18 avril 1964. Il interprète alors "Masuwa enani". Les applaudissements fusent et n’en finissent plus : c’est un succès ! Quelques jours après, il signe un contrat en bonne et due forme avec l’Ok Jazz, pour six longues années.
Avec sa voix de crooner, sa présence dans sa nouvelle formation est une grande satisfaction pour le Grand Maître Luambo Franco Makiadi. Ses interprétations talentueuses en appui des musiques du monde et afro-cubaines, lui confèrent très vite une renommée à Kinshasa.
Sa chanson "Maswa enani", chantée dans le dialecte "Sanga-Sanga" du Département de la Shanga au Congo, ainsi que "Nzete" sont demeurées longtemps à la une des grands succès de l'Ok jazz.
C’est aussi à cet auteur-compositeur de la rumba éternelle que l’on doit également une performance remarquée dans la grande animation scénique dont on peut reconnaître qu’il a été le véritable moteur. A réécouter ou, selon les âges, découvrir, avec bonheur durant le confinement.
Michel Boyibanda, alias Vieux Bobo, est né le 22 février 1943, à Makouango, une petite localité du district de Pikounda dans la Sangha, au nord-Congo.