Covid-19 : L’Union Européenne s’accorde sur un plan de soutien incluant 500 milliards d’euros

Samedi, Avril 11, 2020 - 11:15

Les ministres des finances de la zone euro sont finalement parvenus, le 9 avril, à un accord sur une réponse économique commune face au coronavirus. Un terrain d’entente a notamment pu être trouvé avec les Pays-Bas, qui étaient jusqu’alors inflexibles.

Face à la pandémie, la réponse européenne doit s'orienter sur trois axes principaux: jusqu'à deux cents-quarante milliards d'euros de prêts du Mécanisme européen de stabilité (MES, le fonds de secours de la zone euro), un fonds de garantie de deux cents milliards d'euros pour les entreprises et jusqu'à cent milliards pour soutenir le chômage partiel.

Selon l'accord, les prêts, jusqu'à 2% du PIB de l'Etat concerné, soit 240 milliards d'euros pour l'ensemble de la zone euro, pourront être utilisés sans condition pour les dépenses de santé et de prévention liées au coronavirus. Un compromis jugé « juste et raisonnable » par le ministre néerlandais Wopke Hoekstra, qui souligne qu’« un soutien économique du MES hors dépenses de santé restera assorti de certaines conditions ».

Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, qui a plaidé pour un fonds de « cinq cent milliards d’euros environ, destiné aux dépenses d'avenir, limité dans le temps, mais capable d'émettre de la dette commune », a salué un « excellent accord », son homologue allemand, Olaf Scholz, « un grand jour pour la solidarité européenne » et la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, « un accord novateur ».

« Aujourd'hui, nous avons répondu à l'appel de nos citoyens en faveur d'une Europe qui protège, avec des propositions audacieuses qui semblaient impossibles il y a à peine quelques semaines », a souligné Mario Centeno, le président de l’Eurogroupe, réunissant les ministres des Finances de la zone euro.

Ses homologues allemand et néerlandais ont cependant tous deux rappelé leur ferme opposition à toute mutualisation des dettes de leurs pays, refusant de s'inscrire dans une démarche commune avec les Etats très endettés du Sud, qu'ils jugent laxistes dans leur gestion.

Par ailleurs, la brûlante question des « coronabonds », cet emprunt européen commun réclamé par les pays du Sud, en particulier l'Italie, la France et l'Espagne, pour soutenir l'économie à plus long terme après la crise, n'a pas été tranchée. En revanche, le texte final évoque un futur « fonds de relance dont les aspects juridiques et pratiques », notamment le « financement », devront encore être définis.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, qui n'étaient eux-mêmes pas parvenus à s'entendre lors d'un sommet le 26 mars, devront encore valider ces propositions. Une réponse unitaire était d'autant plus indispensable que l’économie européenne se dirige en 2020 vers une profonde récession, le Fonds monétaire international estimant même que le coronavirus pourrait engendrer au niveau mondial « les pires conséquences économiques depuis la Grande Dépression » de 1929.

Encadré

Christine Lagarde appelle l’Europe à l’unité

Durant des semaines, les États membres du bloc communautaire ont échoué à afficher un front uni face au coronavirus, se déchirant sur des questions d'argent, d'équipements médicaux et médicaments, de restrictions aux frontières et de suspension des voyages, lors de discussions tendues qui ont mis en exergue des divisions amères.

Réagissant avant la décision finale, la patronne de la Banque centrale européenne (BCE), qui s’exprimait dans différents médias pense que, le salut des pays européens passe par leur unité. Dans ce sens, elle avait appelé les Etats européens à « être côte à côte » pour répondre à la crise du nouveau coronavirus avec des mesures budgétaires, au moment où ils peinent à s’entendre.

« Il est vital que le volet budgétaire en réaction à cette crise soit suffisamment puissant dans l’ensemble de la zone euro. Les gouvernements doivent être côte à côte pour déployer ensemble des politiques optimales face à un choc commun dont nul n’est responsable », déclarait Christine Lagarde.

« Les ministres européens des Finances n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur un paquet de 500 milliards d’euros pour atténuer les conséquences de la pandémie. L’Italie, qui pourrait avoir besoin de soutien, a vu ses obligations chuter une deuxième fois mercredi »

Pour sa part, le directeur général de l’OMS a appelé à ne pas « politiser » la crise. Tedros Adhanom Ghebreyesus a également appelé à l’unité, « alors que l’agence est sous le feu des critiques du président américain, Donald Trump », selon la BBC.

En effet, au lendemain des déclarations du président américain, qui a déclaré qu’il envisagerait de mettre fin au financement américain de l’agence des Nations unies, Tedros Adhanom Ghebreyesus a défendu le travail de l’OMS et a appelé à mettre fin à la politisation de Covid-19. « Nous sommes proches de chaque nation », a expliqué le directeur général de l’OMS.

Donald Trump a réitéré ses critiques lors d’un point de presse, estimant que l’organisation devait « bien définir ses priorités ». Il a déclaré que les Etats-Unis mèneraient une étude pour décider s’ils continueraient à verser des contributions.

Les États-Unis ont enregistré, le 8 avril, pour la deuxième journée consécutive, près de deux mille décès liés au coronavirus, selon le comptage de l’université Johns Hopkins. Il s’agit une fois de plus du pire bilan quotidien dans le monde depuis le début de la pandémie.

De même source, le pays compte par ailleurs plus d’un quart des cas officiellement déclarés dans le monde : 429 052 au total. L’État de New York a annoncé sept cent soixante-dix-neuf nouveaux décès dus au virus, son chiffre le plus élevé en une journée, bien que le nombre de patients hospitalisés soit en baisse. Le gouverneur démocrate, Andrew Cuomo, a reconnu les progrès accomplis mais a mis en garde : « Ce n’est pas le moment de se reposer sur ses lauriers ».

Yvette Reine Nzaba et l'AFP
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