Si, pour les uns, il y a opportunité d'organiser ce congrès pour définir le cadre légal de l'application de l'état d'urgence sanitaire décrété par le chef de l'État; pour les autres, cela n’est qu’une perte de temps étant entendu que l’ordonnance présidentielle y afférent regèle en elle-même toute cette problématique conformément à la Constitution.
Le pavé jeté par le président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, en rapport avec la convocation imminente du congrès pour définir le cadre légal de l'application de l'état d'urgence sanitaire décrété par le chef de l'État, est aujourd’hui au centre d’une vive polémique. Celle-ci se cristallise essentiellement autour de l’opportunité d’une telle démarche avec, à la clé, des prises de position émanant des officines politiques ne partageant pas un même idéal politique. Chacun y va de son juridisme en évoquant une Constitution qu’on consulte souvent de manière sélective en surfant sur des dispositions censées vivifier des arguments plus politiques que de droit.
Pour les uns, il y a bel et bien nécessité d’organiser l'État d'urgence et donner à l'exécutif national les moyens de l'action qu'il doit entreprendre conformément aux articles 85, 144 et 145 de la Constitution. Il s’agit ici, fait-on savoir, d’une obligation constitutionnelle censée permettre un fonctionnement régulier des institutions dans le strict respect de la Constitution. A en croire cette opinion, l'ordonnance du président Félix Tshisekedi proclamant l'Etat d'urgence pour combattre le Covid-19 en RDC serait biaisée pour autant qu’elle a été prise sans des mesures d’accompagnement coulées en forme de lois que seul le Parlement est habilité à voter.
A l’opposé, d’autres Congolais estiment que le chef de l'Etat était bien dans son rôle en décrétant, en vertu de l’article 85 de la Constitution, l’état d’urgence sanitaire et ce, après concertation avec le Premier ministre et les présidents des deux chambres, conformément aux articles 144 et 145 de la Constitution. Bien que consultés, les deux derniers précités ne reconnaissent pas avoir abordé cette matière avec leur interlocuteur et tiennent mordicus à convoquer le fameux congrès.
Le débat juridique que suscite la tenue imminente de ce congrès laisse perplexe le Congolais lambda qui, à la fin, semble se perdre en conjectures sur la quintessence des arguments égrenés de part et d’autre. D’où les questions : la convocation du congrès est-elle consécutive à la déclaration de l’Etat d’urgence ou en est-elle un préalable ? La déclaration de l'état d'urgence doit-elle impérativement recueillir le quitus de l'Assemblée nationale et du Sénat ? Les réponses à ces deux questions vont dans tous les sens selon qu’on est proche de la coalition au pouvoir ou de l’opposition. Chacun tente d’argumenter selon ses primes sacrifiant sur l’autel de ses intérêts propres l’avenir de tout un peuple. Face à l’état conjoncturel exceptionnel que traverse le pays, il est demandé aux uns et aux autres de mettre un peu d’eau dans leur vin pour privilégier des pistes plausibles en adéquation avec l’urgence sanitaire qu’impose le Covid-19, sans sacrifier la Constitution du pays. Cela est tout à fait possible.