Coronavirus. Arcade Mboungui rend hommage au producteur Cyriaque Bassoka

Vendredi, Avril 17, 2020 - 14:30

Les mélomanes et artistes de la musique congolaise savent ce qu'ils doivent à Cyriaque Bassoka : durant plus de trois décennies, le promoteur et producteur franco-congolais, disparu la semaine dernière, a occupé une place centrale dans le paysage musical des deux Congo. L’artiste Arcade Mboungui est l’un des derniers à avoir bénéficié de son travail.

Ladis-Arcade Mboungui, capture d'écran à partir d'un clip sur le Covid-19 produit à Brazzaville au CongoCyriaque Bassoka a été porté en terre dans la matinée de vendredi 17 avril au cimetière de Corbeil-Essonnes. Après lui subsistent ses réalisations à travers les artistes aux œuvres multiples dont il a aidé à propulser le talent. L’auteur-compositeur et interprète Ladis-Arcade,  de son vrai nom Ladislas Arcade Mboungui Bokassa, est le fruit de ce travail d’envergure ardemment mené.

Rien ne prédestinait ce technicien supérieur agricole à évoluer vers un univers musical. Sa connaissance de la musique de l’époque se limitait à l’écoute des vinyles de variétés de ses parents : Julio Eglesias, Henry Salvador, Bob Marley, Antoine Moundanda, Jacques Loubelo ou Franklin Boukaka.

La collaboration entre les deux hommes débute en 2014. Dès l’année suivante, ils sortent l’opus Lusséndé. Un album, joué en fusion aux rythmes des Caraïbes, du ndombolo, du reggae et de la rumba, qui témoigne de l'attachement de l'artiste à la diversité traditionnelle. Il écrit lui-même et compose les textes des mélodies selon ses convictions et ses inspirations.

« J’ai eu une collaboration fluide avec Cyriaque au point de me faire oublier mes débuts en musique avec l’échec de la distribution Bidilu, pourtant sacré meilleur album de la diaspora congolaise en 2013 par les Tam-tam d’or à Dolisie. Lui, avec son carnet d’adresses et sa connaissance du milieu, a réussi à me propulser sur le devant de la scène », révèle-t-il, heureux d’avoir appartenu au label Cyriaque Bassoka.

Et de poursuivre, reconnaissant « il m’a fait confiance et m’a mis en valeur ; et je lui dois tout de mon enracinement dans la rumba ».

« Aujourd’hui, j'ai le regret qu'il n'ait pas été récompensé pour ses efforts. Il vivait de l'art et d'eau fraîche. Il avait une volonté et une détermination incroyables. Sans compter les sacrifices qu'il a pu faire, tout ça pour gagner des clopinettes. Il n'y a pas d’égal au Congo dans son domaine. Comme le dit un adage de chez nous : c'est quand l'habit s’use qu'on sait ce qu'il valait », regrette-t-il en appui de ses formules langagières bantoues qu’il distille avec sagesse dans ses chansons.

L’artiste, en accord avec la famille du producteur, prévoit de respecter nos us et coutumes en organisant une veillée après le confinement.

Marie Alfred Ngoma
Légendes et crédits photo : 
Photo : Ladis-Arcade Mboungui, capture d'écran à partir d'un clip sur le Covid-19 produit à Brazzaville au Congo
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