Wole Soyinka, prix Nobel de littérature, fait partie des intellectuels africains ayant publié une lettre ouverte dans les médias sur la gestion de crise du Covid-19.
Cette tribune intitulée « Continent africain et coronavirus : il est temps d'agir » est adressée aux dirigeants et le message de la part de ses auteurs est sans appel : il est temps de prendre conscience des priorités du continent et de voir une telle crise comme une opportunité pour un renouveau des politiques.
Pour Wole Soyinka, la pandémie est un défi pour l’Afrique. Et il lance un appel à la responsabilité des dirigeants de déplacer leurs intérêts dans ceux des populations: « réfléchir plutôt à ce qui est vraiment essentiel pour que l’humanité, sur notre continent africain, soit un pilier de notre conception globale du monde » explique-t-il dans une interview accordée mardi à RFI.
Le Nigérian qui prend rarement la parole appelle à tirer les conclusions d’un tel bouleversement pour « repenser la santé comme un bien public essentiel ». Un tel changement pourrait se faire selon lui, avec l’appui des gouvernances du continent pour se concentrer sur le développement d’infrastructures dans le domaine médical.
Il prend l’exemple de son pays, le Nigéria, dont les préoccupations portent sur le pétrole au détriment de la construction d’hôpitaux. Pour lui, l’heure est venue de recentrer les priorités sur les besoins des populations africaines, que la valeur humaine soit mise en avant.
« Notre conviction est que l’urgence ne peut, et ne doit pas, constituer un mode de gouvernance ». Pour l’écrivain, l’Afrique ne doit pas subir la situation et devenir actrice de son destin : « Faisons en sorte que tout cela ne soit pas encore un gâchis, tirons quelque chose de positif de ce désordre universel ».