Coupe d’Afrique des nations : les coulisses des consécrations des Diables rouges

Samedi, Mai 2, 2020 - 15:33

« Si vous n’êtes pas capables de défendre l’honneur du drapeau rouge, déclarez forfait ». C’est une phrase qui prend tout son sens. C’est grâce à elle que le destin des Diables rouges a changé lors de la phase finale de la 8e édition de la Coupe d’Afrique des nations qui s’est disputée en 1972 à Yaoundé au Cameroun.

Le Congo découvre la phase finale de la CAN en 1968. Il a été éliminé au premier tour avec zéro point pour un faible bilan de deux buts marqués contre huit buts encaissés. Cet échec a obligé les dirigeants à revoir leur plan. Le gouvernement a décidé de ne pas engager le Congo dans les éliminatoires de la CAN 1970 dans le but de rajeunir l’équipe pour mieux aborder la CAN 1972.

Le projet a été une réussite puisque le Congo a relevé le défi d’inscrire son nom au palmarès des nations ayant remporté la Coupe d’Afrique des nations (CAN) des seniors. Avec un seul trophée gagné à Yaoundé au Cameroun, le Congo est quatorzième au palmarès des vainqueurs de la CAN. Les Diables rouges du Congo n’ayant connu le bonheur de disputer une finale qu’une seule fois, sont devancés au classement par les autres nations qui ont soulevé le trophée qu’une seule fois comme lui, notamment la Zambie, la Tunisie, le Soudan, l’Ethiopie, le Maroc et l’Afrique du Sud mais ne le déclassent que par rapport au nombre des finales disputées.

 C’est une victoire dont les Congolais se souviennent toujours de cette épopée même si cela fait quarante-huit ans aujourd’hui. Avec son nouvel équipementier Macron, la Fécofoot a décidé de la valoriser par l’étoile portée désormais au -dessus de son logo sur les nouveaux maillots. Et pourtant cette victoire aurait pu échapper aux Diables rouges si le gouvernement de l’époque n’était pas remonté contre les joueurs et les membres de la délégation.

Logés dans le même groupe que le Maroc, le Zaïre et le Soudan, les Diables rouges n’ont pas rassuré  lors de leur deux premiers matches au Cameroun. Ils ont  concèdé le 25 février un match à égalité 1-1 contre le Maroc ( Moukila avait répondu au buteur marocain  Faras) avant de s'incliner le 27 février 0-2 face au Zaïre ( Ntumba était le boulot des Congolais).  Dos au mur, les Diables rouges ont été condamnés à l’emporter contre le Soudan pour espérer se qualifier. Alors qu’ils n’avaient pas encore digéré leur défaite contre la Zaïre, les Diables rouges ont été sévèrement rappelés à l’ordre le lendemain matin  de cette  défaite.

D’après les témoignages, le chef de la délégation a convoqué les dirigeants dans son appartement pour leur donner lecture d’un télégramme venu de Brazzaville dans lequel il était indiqué : « Si vous n’êtes pas capables de défendre l’honneur du drapeau rouge, déclarez forfait. » Jean Mondélé  a rassemblé  les joueurs pour leur demander leur avis. Tous à l’unanimité ont décidé du maintien de l’équipe.

C’était le déclic car le  Congo, qui n’avait pas encore gagné un match lors de la phase finale,  a commencé  à  enchaîner les victoires . Les Diables rouges se sont imposés le 29 février 4-2 lors de leur dernier match du groupe contre le Soudan (Mbono double buteur, Mpelé et Bahamboula) pour revenir à la hauteur du Maroc. Les Lions de l’Atlas n’ont pas pu faire mieux lors de leur dernier rencontre qu’un match à égalité d’un but partout face au Zaïre.  

Avec le même nombre de points (trois) et la même différence de buts, le Maroc et le Congo ont été soumis à l’épreuve d’un tirage au sort pour déterminer l’équipe qui doit  accompagner le Zaïre en demi-finale.  Le Congo sorti victorieux de ce jeu du hasard a fait mal à ses adversaires. Les Diables rouges ont éliminé les Lions indomptables du  Cameroun, pays hôte, le 2 mars  grâce au but de Minga puis ils ont remporté  le 5 mars la finale face au Mali grâce au un doublé de Mbono et une réalisation de Mpelé.

Le CNFF met en lumière les Diables rouges juniors en 2007

L’histoire de l’équipe nationale ne s’arrête pas qu’à la victoire de1972, car trente-cinq ans après le sacre de leurs aînés, les Diables rouges des moins de 20 ans ont réalisé un coup d’essai, un coup de maître. Grâce au but de Franchel Ibara, le Congo a remporté  la 15e édition de la Coupe d’Afrique juniors organisée à Brazzaville en s’imposant 1-0 face au Nigeria. le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, a été l’artisan de ce succès. Pour relever le niveau du football congolais, le  chef de l’Etat  a, en effet,  créé en 2005 au stade Alphonse-Massamba-Débat le Centre national de formation de football qui a bénéficié de l’expertise de l’AJ Auxerre.

Ces jeunes sélectionnés dans ce centre ont participé au championnat de la Ligue de Brazzaville de l’extérieur puis ils disputent d’autres tournoi à l’étranger avant de faire leur preuve sur le terrain.  En ouverture de la CAN, le Congo s’impose face à la Côte d’Ivoire grâce à un doublé de Fabrice Ondama. Les poulains d’Eddie Hudanski s’inclinent dans les ultimes minutes 0-1 contre la Gambie, lors de leur deuxième match.  Puis ils ont relevé la tête au cours de  leur dernier match 1-0 contre le Burkina Faso grâce au penalty transformé par Franchel Ibara.

Qualifiés pour le dernier carré, les Diables rouges s’imposent devant la Zambie 1-0 grâce à une réalisation d’Harris Tchilimbou avant de rééditer le même exploit face au Nigeria avec pour bonus la qualification  pour la  phase finale de la Coupe du monde de la catégorie en 2007 au Canada.  le CNFF, qui a permis au Congo de se classer parmi les dix meilleures nations des juniors, a donné au Congo d’autres succès comme la double médaille d’or aux Jeux de la Francophonie de 2009 et 2013 et la médaille de bronze remportée lors de la CAN U-17 au Rwanda 

James Golden Eloué
Légendes et crédits photo : 
1-Les Diables rouges vainqueurs de la CAN 1972/DR 2-Les juniors les imitent 35 ans après à Brazzaville/DR
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