Dossier 100 jours : première comparution de Vital Kamerhe et consorts

Lundi, Mai 11, 2020 - 17:03

La première audience publique mettant en cause Vital Kamerhe a finalement eu lieu ce lundi 11 mai dans l’enceinte du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK), ex-Prison centrale de Makala, en présence des prévenus et de leurs avocats. Le Directeur de cabinet du chef de l’Etat s’est présenté avec ses deux co-accusés, en l‘occurrence, le Libanais Jamaal Samih et Mohima Jeannot respectivement représentant en RDC de la société de construction turque Karbod et chargé de l’Import-export à la présidence de la République.

Pour cette première audience, il a été question pour la Cour, outre l’esquisse des griefs à charge des prévenus, de procéder à leur identification et à l’ouverture de l’instruction.

Cependant, les avocats de la défense ont émis quelques préoccupations en rapport avec la procédure, estimant qu’ils étaient préjudiciés pour n’avoir pas pris connaissance au préalable des pièces constitutives des dossiers de leurs clients. Le ministère public, ont-ils indiqué, a enfreint au droit de la défense en refusant délibérément de lever copies des dossiers à charge de leurs clients afin de leur permettre de s’en imprégner aux fins utiles. Des allégations que le ministère public qui représente l’organe de la loi a rejetées tout en exhortant les avocats à se rendre au Greffe où les documents y afférents sont consignés.   

Profitant de cette séance publique, les avocats de Vital Kamerhe ont réitéré leur demande de liberté provisoire au bénéfice de leur client laquelle est restée sans suite nonobstant les correspondances adressées à cette fin. Cette liberté provisoire, ont-ils dit, est censée permettre à leur client de se faire soigner et de préparer efficacement sa défense. La même demande a été également émise par la défense de l’entrepreneur libanais Samih Jammal qui a évoqué l’état de santé préoccupant du prévenu. A ces deux requêtes, la Cour a préféré renvoyer leur examen en chambre du conseil qui devra se décider. Le tribunal s’est donc donné quarante-huit heures pour se prononcer sur ces demandes de mise en liberté provisoire.

« Kamerhe se dédouane »

Alors qu’ils se sont opposés à l’ouverture de l‘instruction, estimant n’être pas suffisamment éclairés sur la nature de l’interrogatoire qu’allaient subir leurs clients, les avocats de Vital Kamerhe et de Samih Jammal ont dû faire mauvaise fortune bon cœur en acceptant néanmoins la comparution de leurs clients. Ces derniers ont dû répondre aux questions préliminaires de la Cour.

Très serein et décontracté dans sa tenue de prisonnier, Vital Kamerhe a précisé d’emblée être intervenu dans le programme d’urgence de cent jours à titre de directeur de cabinet du président de la République. Et d’ajouter qu’ils étaient au nombre de neuf superviseurs avec comme coordonateur, Nicolas Kazadi. Le leader de l’UNC s’est dit surpris que ce soit à lui seul qu’on a tendance à jeter l’anathème. Il a dénoncé ce qu’il a qualifié de « piège » et de « questions tendancieuses » quand il lui a été demandé de préciser sa fonction et son rôle dans le programme de cent jours. Quant à ses relations avec l’homme d’affaires libanais Samih Jammal, il s’est demandé à quel titre devrait-il le connaître d’autant plus, a-t-il ajouté, « j’ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie ». Parlant de l’autre co-accusé, Jeannot Muhima, il a avoué le connaître seulement de nom et que c’était sa toute première fois de le voir physiquement.  

Eu égard aux préoccupations soulevées par la défense ainsi que par les avocats de la République qui s’est constituée partie civile, le Tribunal a décidé de renvoyer le procès Vital Kamerhe au 25 mai prochain pour la poursuite de l’instruction.      

Pour rappel, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Vital Kamerhe, est poursuivi pour détournements des deniers publics, blanchiment des capitaux et corruption dans le cadre de l’exécution du programme intérimaire d’urgence de 100 jours initié par le président de la République dont il a été la plaque tournante dans la passation des marchés.

Alain Diasso
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Vital Kamerhe
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