Migrants : en Méditerranée, la crainte d'une hécatombe

Jeudi, Mai 14, 2020 - 12:23

Des migrants toujours plus nombreux à traverser, une Europe qui ferme ses ports et plus aucun navire humanitaire pour effectuer des sauvetages... Dans l'ombre du coronavirus, la Méditerranée est le théâtre d'une tragédie à huis clos.

Au moment où l'Europe devenait l'épicentre mondial de la pandémie, seuls deux navires portant assistance aux personnes en détresse continuaient leurs opérations, même après que l'Italie et Malte eurent fermé leurs ports en raison du coronavirus début avril. Mais depuis la semaine dernière, toute opération de sauvetage a cessé. Les deux navires ont été immobilisés par les garde-côtes italiens pour des problèmes techniques, les ONG dénonçant, elles, une manœuvre injustifiée uniquement destinée à perturber leurs missions de sauvetages.

Au gré de bras de fers politiques et diplomatiques, une poignée de débarquements de migrants a eu lieu ces dernières semaines, comme le week-end dernier lorsque 79 personnes ont accosté en Italie où la question migratoire reste toujours très sensible et souvent instrumentalisée.  Chez le voisin maltais, le Premier ministre Robert Abela est visé par une enquête concernant la mort de migrants en mer que l'armée et les autorités sont accusées de ne pas avoir secourus.

La situation est d'autant plus sensible que les départs des côtes libyennes ont augmenté de 290 %, soit 6.629 tentatives entre janvier et fin avril, comparé à la même période l'an dernier, et de 156 % au départ de la Tunisie.

La Méditerranée centrale "reste la route migratoire maritime la plus dangereuse au monde et, dans le contexte actuel, les risques que des naufrages invisibles aient lieu à l'abri des regards de la communauté internationale ont grandi", s'alarme l'Organisation internationale pour les migrations.

Dans un courrier conjoint envoyé à la Commission européenne, les ministres de l'Intérieur français, italienne, espagnol et allemand réclament l'établissement d'un mécanisme de solidarité pour la recherche et le secours en mer, expliquant notamment qu'"actuellement, une poignée d'Etats membres portent un fardeau excessif, ce qui démontre un manque de solidarité et risque de faire dysfonctionner l'ensemble du système".

 

Julia Ndeko avec AFP
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