C’est au cimetière de Lukanga II, au sud de Brazzaville où la comédienne congolaise a été inhumée, après quarante ans d’activités théâtrales. Peu avant, une cérémonie d’adieu a été organisée le 15 mai à la morgue municipale de Brazzaville.
Placée sous les auspices de la directrice générale des Arts et des Lettres, Emma Mireille Opa Elion, cette cérémonie d’hommage a débuté par la lecture du texte de Sylvie Dycle-Pomos « Hommage à Alphonsine Moundélé », lu par Gilféry Ngamboulou.
Dans l’oraison funèbre, Délicia Bienvenue Paule Ekibat, fille de la défunte, a déclaré qu’Alphonsine Moundélé incarnait la joie de vivre ; une joie de vivre qu’elle répondait partout où elle partait. Elle était une maman attentionnée aussi et une sœur qui n’hésitait pas à dire ce qu’elle pensait, à remonter les bretelles quand il le fallait.
« Ta vie aurait-elle été un théâtre ? », s’est-elle interrogée. « On dirait bien que oui, car cela se ressentait même dans ta vie au quotidien, tes gestes, tes mines et ton sourire et même ta mort est un coup de théâtre comme le disait un célèbre proverbe de William Shakespeare : Le monde entier est un théâtre, et tout homme et femme n’en sont que acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles. », a expliqué Délicia Bienvenue Paule Ekibat, et de poursuivre : « Tu manqueras à tes enfants, à tes petits fils, à tes frères et sœurs, à tes collègues. Cette ambiance dans laquelle tu plongeais tout le monde ceux de ton quartier d’enfance, ainsi que tes amis, ne s’effacera point. Chacun de nous garde en toi un souvenir heureux et malheureux de ton vécu sur terre… ».
40 ans au service de l’art
La directrice générale des Arts et des Lettres, Emma Mireille Opa Elion, a reconnu l’apport d’Alphonsine Moundélé dit la blanche dans l’épanouissement du théâtre au Congo. « Bravo l’artiste », c’est ce que l’on pouvait lire sur la gerbe de fleurs qu’elle a déposée devant le cercueil de l'illustre disparue.
Pour elle, le théâtre national congolais vient de perdre une star, une tête étoilée, une artiste membre des Diables-rouges du théâtre. « Jusqu’au 7 mars, par sa voix, elle a émerveillé les populations de Madingou dans la pièce de théâtre « Seule la lutte libère » de ma modeste personne. Ce matin, nous sommes tous tristes, c’est une étoile qui s’en va, une lumière qui s’éteint, mais l’artiste ne meurt pas, elle continuera à vivre par ses œuvres. », a témoigné la directrice générale des Arts et des Lettres.
Raissa Nzitoukoulou, qui a connu Alphonsine Moundélé en 2002 au Centre de formation et de recherche en art dramatique (Cfrad), a signifié que : « Je garde un grand souvenir qui est tout récent, celui de notre prestation à Madingou dans le département de la Bouenza lors de la Journée internationale de la femme. C’est le dernier spectacle qu’on a eu à jouer avec elle. Nous étions quatre, mais ne sommes restées que deux. Là-bas, Mâ Moundélé comme nous l’aimions l’appeler a épaté par la couleur de sa coiffure et son style. Elle était ma doyenne et restera à jamais ma doyenne même si elle est partie.»
Notons qu’Alphonsine Moundélé dit la blanche a joué des rôles primordiaux dans différentes pièces de théâtre, notamment ceux de la garde royale dans « Nganga Mayala » de Ferdinand Mouangassa et de la reine dans « La marmite de Koka-Mbala » de Guy Menga.
Née le 10 octobre 1954, elle a rendu l’âme le 29 avril 2020, après soixante-six ans de vie sur terre et quarante ans de vie artistique.