Secrétaire permanent chargé de l’organisation et de la mobilisation au sein du Comité central de la Force montante congolaise (jeunesse du PCT), responsable de la sous-commission promotion de la santé, dans le cadre de la riposte contre le Covid-19 jusqu'à sa mise en quarantaine, Lucien Emmanuel Francky Ibata a contracté le virus en avril 2020. Contaminé asymptomatique, il témoigne.
Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Le premier cas du Covid-19 est officiellement annoncé dans le pays le 14 mars 2020. Le 20 avril vous avez fait le test. Qu’est-ce qui vous a motivé à le faire ?
Lucien Emmanuel Francky Ibata (LEFI) : Le ministère en charge de la Santé fait des tests, de façon régulière, non seulement à l’endroit de la population mais aussi à son personnel. Etant en première ligne de la sensibilisation, en qualité de responsable de la sous-commission promotion de la santé de la commission communication et engagement communautaire au sein de l’équipe de riposte contre la maladie à coronavirus (Covid-19), j’ai été soumis au test le 20 avril 2020 comme plusieurs autres collègues. Quarante-huit heures après j’ai reçu les résultats qui étaient positifs. Je ne présente visiblement aucun signe de la maladie. Je suis donc un contaminé asymptomatique.
LDB : Sachant qu’il y a des milliers de personnes qui meurent du Covid-19 à travers le monde et même dans le pays qui a déjà totalisé quinze morts, avec quel état d’esprit avez-vous reçu la nouvelle de votre contamination ?
LEFI : Quand j'ai été informé que je suis positif au Covid-19, j'étais sur le terrain en train de travailler. Je n’ai pas eu peur parce que je ne présentais aucun signe de la maladie. Je me suis plutôt dit que j’ai un système immunitaire capable de résister au virus.
LDB : Comment se passe la prise en charge médicale ?
LEFI : Il faut rappeler qu’après avoir pris connaissance de mon statut, l’équipe sanitaire d’intervention rapide est venue m’extraire du lieu où je me trouvais c’est-à-dire le Centre des opérations des urgences en santé publique pour me conduire au site de la Concorde à Kintélé où sont suivis les contaminés asymptomatiques. En quarantaine, le premier jour, j’ai aussitôt été mis sous traitement suivant le protocole de prise en charge. Le personnel soignant est composé des médecins, psychologues, infirmiers… Le suivi au quotidien commence par la prise de température en matinée et en soirée. Il y a aussi un suivi physique au moyen d’un standard téléphonique sur l’observance médicale. Le service de restauration assure l’alimentation matin, midi, soir.
LDB : En témoignant aujourd’hui, n’avez-vous pas peur de la stigmatisation ?
LEFI : Absolument pas. Lorsque j’ai été informé de mon statut de porteur du Covid-19, j’ai informé mes proches notamment toutes les personnes qui ont été en contact avec moi, au téléphone et sur les réseaux sociaux. Je les ai exhortés à prendre les dispositions visant à respecter, à la lettre, les mesures barrières édictées par le gouvernement afin de limiter la propagation du virus, en attendant qu’ils soient suivis comme sujets-contacts. Les membres de ma famille ainsi que les collègues de service ont été prélevés et tous testés négatifs. Les lieux que j’ai fréquentés ont été désinfectés. Je suis bien dans ma tête. La stigmatisation ne peut pas m’ébranler.
LDB : Après votre quarantaine, repartirez-vous sur le terrain pour poursuivre la lutte contre le Covid-19 en cette période de déconfinement progressif ?
LEFI : Évidemment que je repartirai sur le terrain pour poursuivre la lutte contre cet ennemi commun invisible. Par rapport aux activités que le comité technique de riposte et les forces vives réalisent sur le terrain, il est utile de poursuivre le renforcement et l’amélioration de la protection des acteurs qui, dans le cadre de la sensibilisation, sont en première ligne.