Depuis l'appel de l'ONU à un cessez-le-feu général, en fin mars face à la crise du coronavirus, les conflits armés ont déplacé plus de 660.000 personnes dans le monde, indique un rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) publié le 22 mai.
Les chiffres ont été compilés par l’Observatoire des déplacements internes (IDMC) de l’organisation et couvrent les personnes déplacées à l’intérieur des pays observées entre le 23 mars et le 15 mai. Ils se concentrent principalement sur les déplacements causés par les conflits armés. Pour des raisons méthodologiques, certains chiffres peuvent cependant inclure des mouvements causés par d’autres formes de violence.
« À l’heure où les experts de la santé nous disent de rester chez nous, les hommes armés forcent des centaines de milliers de personnes à quitter leur foyer et à se retrouver dans une situation d’extrême vulnérabilité », a déclaré le secrétaire général du Norwegian Refugee Council (NRC), Jan Egeland.
« Au-delà de mettre encore plus en péril les personnes obligées de fuir, cela compromet sérieusement nos efforts communs pour combattre le virus », a poursuivi Egeland.
La crise de la Covid-19 a réduit l’accès aux zones touchées, entravant les efforts de collecte, de validation et de partage des données. Étant donné les limites de la collecte de données dues aux restrictions d’accès liées au conflit ainsi qu’aux nouvelles restrictions des opérations humanitaires résultant des mesures prises pour contenir la crise Covid-19, le chiffre global est probablement sous-estimé.
Dans ce rapport, sept études de cas ont été présentées, couvrant la République démocratique du Congo (RDC), le Yémen, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye, le Cameroun et la Colombie et s’appuyant sur des informations et des analyses provenant des programmes humanitaires dans les pays susmentionnés, y compris des témoignages de personnes récemment déplacées.
Sur les six cent soixante-un mille personnes déplacées dans dix-neuf pays, le nombre le plus élevé concerne la RDC, où les affrontements entre les groupes armés et les forces armées du pays ont poussé plus de quatre cent quatre-vingt mille personnes à fuir leurs foyers.
« L’heure n’est pas à la politique infantile »
Même dans les pays où les parties belligérantes ont exprimé leur soutien à un appel au cessez-le-feu, les combats n’ont pas cessé, indique le rapport.
« Au Yémen, la coalition dirigée par les Saoudiens a annoncé qu’elle mettrait en place un cessez-le-feu unilatéral. Cependant, les frappes aériennes se sont poursuivies et les autres parties ont entrepris des opérations armées qui ont entraîné le déplacement de 24.000 personnes depuis le 23 mars », explique le Conseil norvégien pour les réfugiés.
La région du lac Tchad aurait également connu une vague de déplacements de population, le Tchad et le Niger étant les plus touchés. Le nombre de personnes déplacées pour l’Afghanistan, la République centrafricaine, la Syrie, la Somalie et le Myanmar dépasse dix mille au cours de la même période pour chacun de ces pays.
Par conséquent, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) appelle ses membres à lancer un appel clair aux parties belligérantes pour qu’elles mettent fin à la conduite des hostilités et qu’elles règlent leurs conflits par des pourparlers afin de permettre une réponse systématique à la pandémie.
« Pendant que des personnes sont déplacées et tuées, les membres puissants du Conseil de sécurité de l’ONU se chamaillent comme des enfants dans un bac à sable », observe Jan Egeland.
Pour lui, les dirigeants mondiaux devraient se montrer à la hauteur de la situation et pousser conjointement les parties à cesser leurs tirs et à s’unir pour protéger toutes les communautés de la Covid-19.