Dans trois mois, si cette société de cimenterie située au village Moubeyi dans le département du Niari ne se conforme pas aux textes régissant l’environnement en République du Congo, elle sera mise en demeure, a signifié la ministre du Tourisme et de l’Environnement, Arlette Soudan-Nonault, aux responsables de cette société, le 23 mai dernier.
La ministre a effectué cette visite pour savoir comment est appliqué le plan de gestion environnemental au sein de cette société. Elle a déploré le fait que Forspak n’a aucun responsable chargé des questions environnementales, alors que c’est le domaine le plus sensible. « Je n’ai pas vu celui qui s’occupe de l’environnement. Ce qui justifie ma présence ici, ce sont des questions d’environnement », a-t-elle fait savoir.
En effet, en 2018, Arlette Soudan-Nonault avertissait les responsables de Forspak tout en leur ordonnant d’arrêter l’utilisation du charbon. Deux ans après, elle revient au galop et constate que les mesures prises en 2018 ne sont pas mises en application. Dès lors, les sanctions devraient tomber.
Reconnaissant qu’ils ne sont pas en conformité avec la loi, les responsables de la société Forspak ont présenté des excuses à la ministre, indiquant qu’ils n’avaient pas bien interprété les textes. « A partir de cet instant, nous allons faire ce que vous nous avez demandé. Nous vous prions aussi de nous accompagner », ont-ils déclaré.
« Je suis triste de constater que depuis 2013, vous n’êtes pas en règle. Nous apprécions le fait que vous utilisez deux-cent cinquante jeunes congolais, mais cela ne doit pas être au mépris des lois. Je note votre volonté de faire mieux, mais vous devez aussi savoir que chaque pays à ses lois. Vous ne pouvez pas investir soixante-dix millions de dollars sans vous conformer aux lois qui régissent le pays dans lequel vous avez investi. Vous avez sollicité qu’on reparte sur de nouvelles bases, mais trois mois après, si rien n’est fait, je mets votre société en demeure. », a répliqué la ministre du Tourisme et de l’Environnement.
La mission a été confiée au préfet du département du Niari en sa qualité de représentant de l’État de suivre de près cette société.
Le non-respect du cahier des charges
Après la société Forspak, la ministre du Tourisme et de l’Environnement est allée à la rencontre des habitants du village Moubeyi, toucher du doigt leurs réalités.
Dieudonné Ndoungui, secrétaire du village Moubeyi, a expliqué les problèmes qui sont les leurs à la ministre. Pour eux, la société Forspak pollue leurs maisons. Celles-ci subissent également des cassures de murs par rapport aux dynamiques qui s’effectuent à Forspak. Mais en contrepartie, ils ne réparent pas les dégâts causés.
« En 2013, lorsqu’ils s’installaient à Moubeyi, nous nous étions convenus à ce qu’ils embauchent nos enfants, construisent le dispensaire, le pont, visitent systématiquement des autochtones chaque semestre … Mais depuis 2013 jusqu’à ce jour, rien n’est fait. Aucun de nos enfants n’est embauché ; le dispensaire n’est pas construit, ni le pont, ni la route. Nous avons rendu compte de tout cela au sous-préfet. Merci d’être venue à la source connaître nos difficultés », a fait savoir Dieudonné Ndoungui.
La ministre du Tourisme et de l’Environnement a félicité les habitants du village Moubeyi pour le calme qu’ils ont affiché et surtout pour leur sagesse. « Les autorités départementales nous ont traduit fidèlement vos doléances. Nous ne vous avions pas abandonnés. Nous avions commencé par les responsables de la société Forspak et leurs avions donné trois mois pour se conformer à l’autorité du préfet. Faites le cahier des charges et dégagez les priorités absolues, notamment le dispensaire et le pont », les a exhortés la ministre.
Le préfet du département du Niari, Fréderic Baron Bouzock, a salué l’engagement de la ministre du Tourisme et de l’Environnement, Arlette Soudan-Nonault, de les suivre jusque dans les villages pour toucher du doigt les difficultés des populations.
Rappelons que l’unité de production de cimenterie Forspak, située au village Moubeyi dans la sous-préfecture de Louvakou (département du Niari), a été ouverte en 2013 et emploie deux cent cinquante Congolais. Pendant quarante jours, elle avait interrompu la production à cause du confinement, en vue d'éviter la propagation de la covid-19.