Envois de fonds vers les familles : une baisse inquiétante en perspective pour 2020

Mercredi, Juin 17, 2020 - 18:48

Le record de 554 milliards de dollars américains de 2019 ne sera finalement pas dépassé au courant de cette année. Du côté de la Banque mondiale (BM), l’on projette une baisse de l’ordre de 20 %, soit 110 milliards de dollars en moins. Certaines banques RD-congolaises se mettent en ordre de bataille avec des propositions plus avantageux pour faciliter les transferts vers les familles en cette période de crise sanitaire.

Un communiqué de la Trust Merchant Bank (TMB) n’est pas passé inaperçu lors de la journée du 16 juin dédiée aux envois de fonds à la famille. La banque a rabattu ses frais à seulement 1 % pour tous les transferts internationaux entrants. Il s’agit d’une offre avantageuse pour les seuls propriétaires des comptes PEPELE. Plus qu’une simple stratégie commerciale au moment où nombre d’institutions financières sont sévèrement critiquées pour leurs coûts élevés, le débat lancé cache mal un profond malaise en cette période exceptionnelle pour le monde. En effet, la performance de 2019 en matière d’envois de fonds des migrants ne se reproduira pas cette année à cause de la covid-19.

L’ONU inquiète

Dans son message, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, parle exactement de 434 milliards de dollars attendus cette année dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. Traditionnellement, 200 millions de migrants envoient de l’argent dans leurs pays d’origine à environ 800 millions de membres de familles habitant majoritairement dans le monde en développement. En 2019, ils ont envoyé 554 milliards de dollars (529 milliards de dollars en 2018 et 483 milliards en 2017), représentant plus de trois fois le montant de l’aide publique au développement. Les cinq principaux pays destinataires des envois de fonds étaient l’Inde, la Chine, le Mexique, les Philippines et la République arabe d’Égypte. En Afrique subsaharienne, les envois ont grimpé de 10 % en 2018 pour se situer à 46 milliards de dollars. Les grands bénéficiaires sont les pays comme les Comores, la Gambie, le Lesotho, Cabo Verde, le Libéria, le Zimbabwe, le Sénégal, le Togo, le Ghana et le Nigéria.  

Toutefois, la problématique posée par les Nations unies est d’autant plus préoccupante que les familles de ces pays en développement dépendent de ces transferts. Par conséquent, « des millions de familles connaîtront la faim, n’enverront pas leurs enfants à l’école et ne pourront pas se soigner », s’inquiète Antonio Guterres. Pour éviter le pire, les experts de l’ONU insistent sur la nécessité d’assurer la poursuite des envois de fonds. Selon eux, il revient aux dirigeants politiques de qualifier les services de transferts de fonds de services essentiels et de favoriser le développement des outils numériques d’envoi de fonds. Par ailleurs, l’ONU demande aux pays en développement de prendre des mesures pour réduire le coût des envois de fonds, fournir les services financiers aux migrants et leurs familles et favoriser l’inclusion financière. Aussi une initiative comme celle de la TMB en RDC reste-t-elle une action à encourager pour soutenir les migrants, conclut un analyste RD-congolais.

Laurent Essolomwa
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