Afrique de l'Ouest : risque de dislocation en cas d'adoption unilatérale de l'Eco

Jeudi, Juin 25, 2020 - 15:00

Mécontent de la stratégie mise en place par l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) à propos de l'Eco, le président nigérian Muhammadu Buhari brandit le risque de dislocation au cas où l'institution adoptait unilatéralement la nouvelle monnaie ouest africaine. 

Dans plusieurs tweets publiés le 24 juin, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a stigmatisé la volonté des pays membres de l’Uémoa conduits par Abidjan et Paris ayant en commun le Franc CFA de passer à l’Eco avant les autres membres de la Cédéao. Ce qui donnerait un sentiment de malaise : "la zone Uémoa souhaite reprendre l’Eco en remplacement de son Franc CFA avant les autres Etats membres de la Cédéao", dit-il dans un tweet. C'est un malaise palpable au sein des pays membres de l'Uémoa, majoritairement francophones, mais ayant comme locomotive régionale, le Nigeria, tête de pont des pays d'obédience anglophone. 

Le président nigérian pointe le manque de "confiance" dans les discussions d'ensemble dans l'adoption commune de la nouvelle monnaie. "Il est inquiétant qu'un peuple avec lequel nous souhaitons nous associer prenne des mesures importantes sans nous faire confiance pour la discussion", a-t-il déclaré. Le Nigeria a formulé en février dernier une demande de prolongation du délai pour le lancement de la monnaie unique.  Les présidents des pays membres de l’Uémoa conduits par leur homologue ivoirien, Alassane Ouattara, semblent ne pas vouloir faire marche arrière sur leur volonté d’adopter l’Eco en remplacement du Franc CFA, au cours du deuxième semestre de cette année.

Cette initiative avait soulevé un vent de critiques des pays anglophones de la zone, considérée " pas conforme aux décisions de l'Autorité des chefs d'Etat et de gouvernement de la Cédéao pour l'adoption de l'Eco comme nom d'une monnaie unique indépendante de la Cédéao". Le président du Nigéria rappelle que son pays "soutient et est attaché à une union monétaire dotée des fondamentaux appropriés-une union qui garantit la crédibilité, la durabilité, la prospérité et la souveraineté régionale entière. [Ajoutant dans un tweet]. Mais nous devons faire les choses correctement et assurer le respect absolu des normes établies". 

C'est dans ces ciconstances qu'il a brandi le spectre d'une dislocation de la Cédéao en raison de ces désaccords. Pour Muhammadu Buhari, "nous ne pouvons pas nous ridiculiser en entrant dans une union pour se désintégrer potentiellement au plus tôt lorsque nous y entrons. Nous devons être clairs et sans équivoque sur notre position concernant ce processus". Sa stratégie : procéder avec prudence  mais dans le respect du processus convenu pour atteindre "notre objectif collectif tout en nous traitant les uns les autres avec le plus grand respect". Sans quoi, "nos ambitions pour une union monétaire stratégique en tant que bloc de la Cédéao pourraient être sérieusement ménacées". La position du Nigeria sur l'Eco est la suivante : les critères de convergence n'ont pas été remplis par la majorité des pays. Seul le Togo respecterait les exigences et critères principaux visant la mise en place d'une monnaie unique régionale, au sein de la Cédéao. 

 

Noël Ndong
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