Souvenirs: Salomon Bambendzé: "Parfois, l'ambassadeur Adoua me téléphonait dans la nuit pour me signaler un joueur au patronyme de consonance congolaise"

Samedi, Juillet 18, 2020 - 12:00

Alors que le monde diplomatique pleure la disparition de Jean-Marie Adoua, ambassadeur Extraordinaire et plénipotentiaire du Congo en Afrique du Sud, Salomon Bambendzé, qui a travaillé sous ses ordres au sein de la délégation permanente du Congo auprès de l’Unesco à Paris, évoque sa passion pour le football.

Les Dépêches de Brazzaville : Loué pour ses compétences professionnelles et ses qualités humaines, Jean-Marie Adoua avait également une autre facette dont vous souhaitez nous parler : il était un grand amateur de football.

Salomon Bambendzé : Merci avant tout de me permettre de lui rendre hommage: j'ai travaillé à ses côtés durant son mandat à l’Unesco, où j’officie en tant qu’assistant technique auprès de l’ambassadeur. Outre notre amour de la patrie, nous avions en commun l’amour du football. Il était un grand amateur et regardait énormément de matches européens et africains. Grand supporteur de la sélection nationale, il suivait avec beaucoup d’attention l’évolution du football congolais. Il connaissait tous les Diables rouges, en particulier ceux de la diaspora. En sa qualité de président du groupe africain à l’UNESCO et de la PX (ndlr : la commission du programme et des relations extérieures), il commençait souvent les réunions du lundi par un petit tour d’horizon footballistique et n’hésitait pas à chambrer gentiment les adversaires du Congo. Il avait vécu avec beaucoup de fierté et de fougue les années 2014-2015, avec les campagnes de la CAN 2015 et des Jeux africains.

 LDB : Depuis plusieurs années, vous êtes le relais des instances sportives auprès des sportifs de la diaspora via la cellule de recrutement européenne. L’ambassadeur Adoua vous aidait à concilier ces deux activités ?

S.B : Oui, il m’aidait et m’encourageait à le faire, comme son successeur, l’ambassadeur Henri Ossebi, qui est un footballeur et qui a le football dans le sang. Il soutient mon action avec un œil très avisé.

Pour revenir à l’ambassadeur Adoua, il suivait avec intérêts les dossiers menés par la cellule de recrutement. Lorsque je recevais un joueur et sa famille au bureau, à l’Unesco, il aimait les rencontrer et participer aux échanges. Il est aussi arrivé qu’il me téléphone, la nuit, parce qu'il avait repéré un patronyme de consonnance congolaise lors d’un match télévisé. L’ambassadeur Adoua était vraiment un grand passionné et un grand soutien de la cellule européenne. Lors des démarches avec Thievy Bifouma, pendant que nous étions en déplacement à Las Palmas (ndlr : saison 2012-2013) pour rencontrer Thievy, il m’appelait tous les soirs pour suivre le dossier, car il sentait en Bifouma un gros potentiel.

LDB : Travailleur de l’ombre, vous-vous faites rares devant les micros. Peut-on profiter de l’occasion pour connaitre un peu le fonctionnement de cette cellule européenne de détection et de recrutement ?

S.B : Nous approchons les joueurs susceptibles d’être sélectionnés dans les équipes nationales, jeunes ou senior, et nous menons les discussions avec les familles et les joueurs. Nous facilitons leur arrivée. En dehors de Prince Oniangué, presque tous les binationaux de la dernière décennie sont arrivés en sélection par le canal de la cellule européenne. C’est un travail quantitatif que tous les pays mènent. Ensuite, le qualitatif, c’est-à-dire la sélection sportive et technique revient à l’entraîneur. A aucun moment, la cellule n’intervient dans l’élaboration des sélections comme cela a parfois pu être dit ou écrit. Pour suivre les joueurs parfois depuis des années, nous connaissons les profils et nous pouvons renseigner les instances ou les techniciens, mais nous n’avons jamais eu vocation à choisir untel ou untel.

LDB : Pour finir, malgré le Covid-19, la cellule est-elle au travail sur des dossiers actuellement ?

S.B : Bien sûr, surtout que plusieurs championnats ont repris ces dernières semaines. Je ne vais pas citer de noms, car il est préférable d’attendre que tout soit finalisé, mais le travail continue. Je reviens d’un voyage en Europe de l’Est où j’ai rencontré un joueur. J’ai ensuite envoyé mon rapport à la Fécofoot, comme c’est le cas à chaque fois que la cellule avance sur un dossier. C’est le mode de fonctionnement qui prévaut depuis la création de la cellule européenne en 2013 par le ministre Opimbat, dans la plus totale transparence.

Camille Delourme
Légendes et crédits photo : 
L'ambassadeur Jean-Marie Adoua et Salomon Bambendzé lors de la célébration de la fête nationale 2014 à Paris (CD/ADIAC)
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