L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies ont lancé un Comité consultatif d'experts chargé de soutenir et d'apporter des conseils scientifiques indépendants aux pays sur la sécurité, l'efficacité et la qualité des thérapies de médecine traditionnelle, face à la Covid-19, a-t-on appris.
La directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, Dr Matshido Moeti, a expliqué l'intérêt croissant pour la médecine traditionnelle en tant que traitement potentiel contre la Covid-19 en Afrique. "Au moment où le monde se lance à la recherche de traitements et de vaccins contre le virus, la recherche sur les médecines traditionnelles et orthodoxes en tant que thérapie potentielle de la Covid-19 doit être fondée sur la science, et ce jour marque une étape importante dans le soutien de ces efforts", a-t-elle déclaré.
L'intérêt pour la médecine traditionnelle en tant que traitement potentiel contre la Covid-19 est croissant en Afrique, mais la recherche des thérapies potentielles doit être fondée sur la science. Le Comité régional d'experts sur la médecine traditionnelle de la Covid-19 va appuyer les pays dans un effort de collaboration pour mener des essais cliniques de médicaments traditionnels en conformité avec les normes internationales, a-t-on appris.
Des compétences continentales avérées
Il regroupera les compétences continentales, accélérant ainsi le rythme et élevant les normes de la recherche, en particulier la recherche clinique sur les nouvelles thérapies issues des médecines traditionnelles contre la Covid-19. Il sera chargé notamment de surveiller la conduite des essais cliniques et de renforcer la capacité des chercheurs. Ce qui permettra également de faciliter l'enregistrement des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle jugés sûrs et efficaces. Le recours à une médecine traditionnelle de qualité peut faciliter la fourniture de soins de santé, en particulier dans les zones rurales éloignées où les systèmes de soins de santé conventionnels sont limités. Ce qui peut bénéficier à une grande partie de la population car elle est la principale, voire la seule source de soins de santé pour environ 80 % des personnes en Afrique.
La longue histoire de la médécine traditionnelle en Afrique
L'Afrique a une longue histoire de médecine traditionnelle et de praticiens, qui jouent un rôle important dans la prestation de soins aux populations. Les médecines traditionnelles, complémentaires et alternatives, présentent de nombreux avantages, estime l’OMS. Plusieurs pays et institutions du continent africain ont proposé des thérapies traditionnelles pour la Covid-19 en Afrique. "Des essais cliniques rigoureux pour en évaluer la sécurité et l'efficacité seront essentiels, comme c'est le cas dans d'autres domaines de la médecine", a souligné le directeur des CDC pour l'Afrique et envoyé spécial de l'OMS pour la Covid-19, Dr John Nkengasong. Des efforts de recherche de thérapies traditionnelle pour la Covid-19 sont en cours dans plusieurs pays, dont la Guinée équatoriale, Madagascar, le Nigeria et l’Ouganda, selon le Dr Kasilo.
Une pharmacopée traditionnelle importante
Leurs résultats devraient être publiés et annoncés par les pays après la finalisation des recherches. L’Afrique dispose d’une pharmacopée avérée, avec plus de 89 médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle dans 14 pays pour lesquels l'OMS a soutenu la recherche et le développement conduisant à leur autorisation de mise sur le marché, a-t-elle indiqué. Une quarantaine de ces médicaments figurent sur les listes nationales de médicaments essentiels et font désormais partie de l’arsenal qui permet de traiter les patients atteints de maladies comprenant les infections liées au VIH, le diabète, la drépanocytose et l'hypertension, à l’instar du "Niprisan" au Nigeria et du "Faca" au Burkina Faso, tous deux contre la drépanocytose, ainsi que de l’ "Hépatosor" un sirop utilisé contre l’hépatite virale (A,B,C, D et E) au Cameroun.
Les avantages économiques de la médecine traditionnelle en Afrique
La stratégie régionale sur la médecine traditionnelle en Afrique est ancrée dans des principes de complémentarité et fondée sur l'intégration de la médicine traditionnelle dans les systèmes nationaux de santé, explique l’OMS. Cette médecine traditionnelle présente plusieurs bénéfices dont la diversité, la flexibilité, la disponibilité, des prix abordables, l’acceptation générale par les communautés africaines et le coût comparativement faible par rapport aux médicaments modernes. "Il ne fait aucun doute que les thérapies traditionnelles et complémentaires, dont la sécurité, l'efficacité et la qualité ont été démontrés, vont contribuer à atteindre les objectifs de la couverture sanitaire universelle", selon le Dr Kasilo. Ajoutant : " La fabrication et la commercialisation à grande échelle des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle, qui impliquent la culture des plantes médicinales ainsi que les processus de récolte et de post-récolte, présentent des avantages en termes de développement socio-économique".
Un développement socio-économique qui pourrait à son tour contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable, ODD3 sur l'amélioration de la santé et du bien-être ; des ODD 1 et 2, sur la réduction de la pauvreté et de la faim ; ainsi que de l'ODD 4 sur l'éducation de qualité des communautés locales ciblées.