Lutte contre la Covid-19 : le PNUD exhorte les gouvernements des pays en développement à soutenir les familles pauvres

Mardi, Juillet 28, 2020 - 18:09

Dans le souci d’attirer l’attention des dirigeants et gouvernements issus des pays en voie de développement à multiplier les stratégies pour renforcer leurs revenus ainsi que leurs moyens de subsistance, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a publié, le 27 juillet, un rapport sur la question.

L’appel du PNUD est destiné à encourager les Etas à mettre sur pied des programmes d’aide à l’endroit des familles pauvres pendant cette période cruciale de la pandémie.

Selon le document, l’adoption immédiate d'un revenu minimum provisoire pour les personnes les plus pauvres pourrait ralentir la flambée actuelle des cas de la Covid-19 et permettra à environ trois milliards de personnes de rester chez elles pendant la pandémie.

 « Environ cent quatre-vingt-dix-neuf milliards de dollars par mois pourraient fournir un revenu minimum garanti pendant six mois aux deux milliards de personnes vivant en dessous ou juste au-dessus du seuil de la pauvreté dans cent trente-deux pays en développement. Ainsi, il est urgent d’adopter cette mesure réalisable dans un contexte où la pandémie se propage désormais à un rythme de plus d’environ un million de nouveaux cas par semaine, en particulier dans les pays en développement. D’autant plus, dans ces pays, sept travailleurs sur dix vivent grâce aux marchés informels et ne peuvent pas gagner d'argent s'ils restent chez eux », précise le PNUD, en ajoutant que les travailleurs informels, à faible revenu, les femmes et les jeunes, les réfugiés, les migrants et les personnes handicapées sont ceux qui sont les plus durement touchés par cette crise. Ils constituent une grande partie du nombre considérable de personnes non couvertes par les programmes d'assurance sociale.

Rester chez soi sans revenu, l’un des problèmes qui enfreignent aux mesures de lutte contre la pandémie  

Evaluant les effets socio-économiques de la Covid-19 dans plus de soixante pays au cours de ces derniers mois, l’expertise du PNUD montre que les travailleurs qui ne bénéficient pas d’une protection sociale ne peuvent pas rester chez eux sans revenu. Pour ce faire, il leur faut un revenu minimum provisoire. Celui-ci leur donnerait les moyens d'acheter de la nourriture et de payer les frais de santé et d'éducation.  Cette stratégie est financièrement réalisable. Car, un revenu minimum provisoire pour six mois ne coûterait que 12% de la réponse financière totale engagée contre la Covid-19 prévue pour 2020, ce qui équivaudrait au tiers de la dette extérieure des pays en développement pour cette année.

« Ce moment historique sans précédent exige des mesures sociales et économiques nécessaires. L’introduction d’un revenu minimum provisoire pour les plus pauvres est devenue une option envisageable. Cela aurait pu sembler impossible il y a quelques mois à peine », a déclaré l'administrateur du PNUD, Achim Steiner, en insistant sur le fait que les plans de sauvetage et de relance ne peuvent pas se concentrer uniquement sur les grands marchés et les grandes entreprises. Un revenu minimum provisoire pourrait permettre aux gouvernements de fournir aux personnes confinées une sécurité financière, de réinjecter de l'argent dans les économies locales pour aider les petites entreprises à survivre et de ralentir la propagation dévastatrice de la Covid-19.

Par ailleurs, un revenu minimum provisoire n'est cependant pas une solution miracle aux difficultés économiques que cette pandémie a engendrées. La protection des emplois, l'élargissement du soutien aux micro, petites et moyennes entreprises et l'utilisation de solutions numériques pour identifier les personnes exclues et les atteindre sont autant de mesures que les pays peuvent prendre.

Affecter les fonds de cette année destinés au remboursement de leur dette au paiement des revenus provisoires

Pour l’institution onusienne, les pays pourraient aussi parmi d’autres solutions réaffecter les fonds de cette année destinés au remboursement de leur dette au paiement d’un revenu minimum provisoire. Car, selon les données officielles, les économies en développement et émergentes dépenseront trois millions de dollars pour payer leur dette cette année. Ainsi, un blocage total de la dette de tous les pays en développement, comme le demandait le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, permettrait aux pays de réaffecter provisoirement ces fonds aux mesures d'urgence pour lutter contre les effets de la crise de la Covid-19.

Comparativement à d’autres Etats, plusieurs pays ont déjà pris des mesures pour introduire des revenus minimums provisoires. Par exemple, le gouvernement du Togo a distribué plus de dix-neuf millions de dollars d'aide financière mensuelle à plus de 12 % de la population, grâce à son programme de transferts monétaires, principalement aux femmes qui travaillent dans le secteur informel. L'Espagne a aussi récemment approuvé un budget mensuel de deux cent cinquante millions d'euros pour compléter les revenus de huit cent cinquante familles vulnérables et de deux millions de personnes jusqu'à un seuil minimum.

Déplorant le fait qu’avec les effets négatifs de la pandémie, le développement humain mondial pourra baisser cette année, le PNUD a reconnu dans son rapport que la pandémie de la Covid-19 a exacerbé les inégalités mondiales et nationales existantes et a créé de nouvelles disparités qui frappent le plus durement les personnes les plus vulnérables. Avec jusqu'à cent millions de personnes supplémentaires plongées dans l'extrême pauvreté en 2020, un milliard d'enfants touchés par des fermetures d'écoles, un chômage record et la perte de moyens de subsistance. 

Notons que le PNUD est le chef de file socioéconomique du système des Nations unies pour le relèvement à la suite de la Covid-19 et met en œuvre des stratégies de relance économique et sociale dans les pays du monde entier.

 

Rock Ngassakys
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