Pour l’ex-challenger de Félix Tshisekedi à la présidentielle de décembre 2018, la dépréciation monétaire va se poursuivre tant qu’il n’y aura pas de changement d’hommes, de vision, de stratégie et d’approche à la Banque centrale du Congo.
La monnaie nationale poursuit sa descente aux enfers. Il se négocie actuellement atour de 20.000 FC le dollar. Jamais le franc congolais (FC) n’a été autant mal barré qu’il l’est aujourd’hui avec tout ce que cela entraîne comme conséquence en termes d’effritement de pouvoir d’achat de la population. Il va sans dire que les Congolais subissent aujourd’hui le contrecoup de cette dépréciation du FC lequel influe considérablement sur la qualité de leur vie. Plusieurs tentatives ont été amorcées pour essayer de rétablir les équilibres rompus, mais hélas ! Toutes se sont avérées vaines. Lors du dernier Conseil des ministres, le ministre de Finances ainsi que le gouverneur de la Banque centrale (BCC) ont été instruits pour suivre de près la situation et proposer un rapport hebdomadaire en tant que responsables de la stabilité monétaire.
L’on se rappelle également que le 30 avril dernier, le gouverneur de la BCC, Deogratias Mutombo, avait annoncé trois mesures pour stabiliser le FC. Il s’est agi notamment de précéder à un ajustement budgétaire consistant à aligner les dépenses du gouvernement au niveau des recettes disponibles et d’émettre des bons du Trésor à valeur élevée pour lever des ressources financières supplémentaires sur le marché intérieur. A cela s’est ajoutée la vente directe des dollars aux banques commerciales de sorte à diminuer la pression sur le marché de change parallèle.
Toutes ces stratégies n’ont produit aucun effet escompté. Le FC a continué à perdre de sa valeur face au dollar. Actuellement, quelques esprits éclairés à l’instar de Noël Tshiani Mwandianvita sont montés au créneau pour réfléchir sur la question et proposer, au besoin des voies de sorties.
Ancien candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2018, cet économiste de poigne a publié récemment une série de tweets sous forme d’un plaidoyer en faveur d’une nouvelle politique monétaire en RDC. L’objectif de sa réflexion est de stopper carrément la dépréciation du FC face aux devises étrangères. Pour ce faire, il estime que la Banque centrale du Congo qui ne joue pas très son rôle en tant qu’autorité monétaire devrait changer d’animateurs. En fabriquant de manière excessive la devise congolaise, la BCC crucifie par le fait même la monnaie locale, argue-t-il. « Toute création monétaire soutenue par un matelas proportionnel de dollars ne devrait pas entraîner la dépréciation du franc congolais. La dépréciation du franc congolais ne peut s’expliquer que par la planche à billet sans contrepartie des devises ou de production (…) Si l’on n’a pas assez de devises pour assurer la stabilité du taux de change du franc congolais par rapport au dollar, ceci revient à dire qu’on a créé trop de francs congolais que l’économie ne peut supporter », explique Noël Tshiani.
La Banque centrale, poursuit-il, fabrique trop de francs congolais que le ministère des finances absorbe en émettant des bons du Trésor sur lesquels l’État paie des charges financières (taux d’intérêt). « La dépréciation monétaire va se poursuivre tant qu’il n’y aura pas de changement d’hommes, de vision, de stratégie et d’approche à la BCC et à la Primature (y compris le comité de conjoncture économique) », ajoute cet économiste de première heure qui, par ailleurs, réduit les réformes jusque-là opérées dans le secteur de finances à un changement purement cosmétique sans incidence sur la stabilité de la monnaie. « Dans un pays où les mécanismes de transmission de politique monétaire sont bouchés et ne fonctionnent pas, les taux directeurs et coefficient des réserves obligatoires ne sont pas des instruments adéquats de conduite de politique monétaire », conclut-il.