L’appel a été lancé par la ministre du Tourisme et de l’Environnement, Arlette Soudan-Nonault, lors de sa communication devant l’assemblée du Conseil économique, social et environnemental, le 6 août dernier.
« En cette année 2020 si singulière et difficile à bien des égards, peut-on, doit-on lutter à la fois contre la pandémie et défendre l’environnement? Le combat pour notre santé ne passe-t-il pas avant la protection de notre biodiversité ? » C’est par ce questionnement que la ministre a débuté sa déclaration.
C’est à cette question essentielle qu’elle a répondu, disant que la crise sanitaire et la crise environnementale ne font pas que se ressembler de par leurs conséquences humaines, économiques et sociales, elles interagissent. Elle a pris l’exemple de la forêt. La déforestation, comme chacun le sait, dit-elle, contribue au réchauffement de la planète en coupant les arbres qui captent le gaz carbonique. Mais en même temps, la déforestation, en libérant la faune sauvage porteuse de virus jusqu’ici inconnu, favorise aussi l’émergence des maladies infectieuses. « Quand nous tuons des animaux sauvages et les envoyons sur nos marchés de viande de brousse, que font les virus dont ils sont porteurs ? Ils cherchent un nouvel hôte et ce nouvel hôte, c’est nous. Ce virus qui nous frappe est en réalité le symptôme d’un modèle planétaire de dégradation de notre environnement qui, en brisant la cohabitation faite de respect et de distanciation entre l’homme, la nature et les autres espèces vivantes, a mis en contact ce qui n’aurait jamais dû l’être. Voilà pourquoi il nous faut impérativement mettre un terme à la déforestation et assainir nos villes », a-t-elle expliqué aux conseillers. Ajoutant qu’une ville n’est pas sale en elle-même et par elle-même ; ce sont ses habitants qui la salissent.
Arlette Soudan-Nonault a rappelé aux conseillers que lutter pour l’environnement et pour la biodiversité, c’est en même temps lutter contre la pandémie et pour sa propre santé. Car moins il y a de biodiversité, plus le passage des maladies aux humains est favorisé. Il suffit, pour s’en convaincre, de savoir que, de la COVID-19 à l’Ebola, en passant par le Sida, 70% des maladies nouvelles qui affectent l’humanité depuis cinquante ans sont des zoonoses, c’est-à-dire des maladies en provenance de la faune sauvage. « Cette période de crise sanitaire, pendant laquelle le navire Congo ne peut que se louer d’avoir, en la personne du président Denis Sassou N’Guesso, un capitaine rompu à toutes les tempêtes, nous oblige à réfléchir sur la nécessité de modifier nos comportements dans un sens plus responsable. Malgré le devoir de vigilance auquel nous appellent régulièrement le chef de l’État et le Premier ministre, notre exceptionnelle biodiversité est chaque jour menacée du fait de notre négligence et parfois de notre inconscience coupable », a-t-elle indiqué.
La ministre a dit aux conseillers qu’elle n’a de cesse de rappeler à l’ordre et parfois de sanctionner ceux qui s’obstinent à ne pas tenir compte des lois, notamment sur, le braconnage, la déforestation, la pollution des rivières et des lacs, les déversements anarchiques des déchets pétroliers et miniers, la non-exécution des études d’impact environnemental et social. D’où, elle a invité tout le monde a plus de responsabilité, au lieu d’attendre que les autorités fassent le tout à leur place. Tout en invitant les Congolais à savoir remettre le biotope au cœur de leurs exigences, comme ont su le faire nos ancêtres.
Poursuivant sa déclaration, la ministre du Tourisme et de l’Environnement a rappelé une fois de plus aux conseillers que le Congo est, comme chacun le sait, le pays leader en Afrique centrale dans le domaine du combat pour la défense de l’environnement. Depuis plus de trois ans, la lutte contre les changements climatiques et pour une gestion durable de la biodiversité a pris une dimension nouvelle grâce au défi porté par le chef de l’État : rendre opérationnels les deux instruments majeurs dont il assume la présidence que sont la commission climat du bassin du Congo et le Fonds bleu pour le bassin du Congo. Assurer le développement d’une économie verte et bleue, sobre en carbone et en mesure de concilier bien-être social et préservation de l’environnement, c’est là l’exemple même d’un développement durable fondé sur la nature et c’est l’objectif de tous.
Inlassablement, le président de la République porte sur toutes les tribunes internationales la cause du bassin du Congo, de ses forêts, de ses tourbières, de sa faune, de sa végétation et de son rôle vital de poumon écologique du monde. « Mais ne nous voilons pas la face : si nous ne protégeons pas d’abord nous-mêmes notre extraordinaire patrimoine, qui viendra le faire à notre place ?... Tous les scientifiques le répètent : l’urgence épidémiologique et l’urgence environnementale sont étroitement liées. En protégeant notre écosystème, nous protégeons notre santé. Et nous évitons par-là de jouer avec l’avenir de nos enfants comme on joue à la roulette russe », a précisé la ministre.
Elle a terminé sa déclaration en exploitant la phrase signée Denis Sassou N’Guesso, dont elle a souhaité faire la devise du ministère du Tourisme et de l’Environnement : « C’est en Afrique que l’humanité a vu le jour et c’est au Congo, notre Congo, que bat le cœur du continent mère. »