Des décennies plus tard, après la belle époque où les artistes musiciens se rétribuaient sous la coupe de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) fondée en 1851, la question du droit d’auteur a plutôt sombré. L’une des icônes de la musique congolaise à l’aube des indépendances, Kosmos Mountouari, ne fait pas d’éloges à l’actuel BCDA.
« La Sacem entretenait bien les artistes musiciens contrairement au Bureau congolais de droit d’auteur (BCDA) », a déclaré Kosmos Mountouari, l’artiste septuagénaire, lors de notre entretien à son domicile. Si la musique Congolaise a perdu de son éclat ces dernières années, l’une des raisons, a-t-il estimé, est évidemment la précarité dans laquelle baignent les artistes musiciens.
Kosmos Mountouari fait partie des cinq vivants de la génération des Bantous de la Capitale après son entrée dans ce groupe le 2 mai 1965. Il pense que de nos jours la configuration des orchestres et le contexte ne sont plus les mêmes en termes de rémunération des musiciens. « Nous étions affiliés à la Sacem. Il y avait un Français qui, avec son équipe, représentait cette maison de droit d’auteur. Il avait un percepteur qui prélevait les redevances des artistes musiciens pour les leur reverser copieusement. Dans les médias d’Etat, il y avait des régisseurs d’antenne qui jouaient aussi le même rôle. Cela nous a permis de mieux s’organiser dans la vie », a-t-il expliqué.
Comparativement au BCDA, c’est, a-t-il ironisé, « le jour et la nuit ». « Chaque transporteur paye 10.000 FCFA pour ces droits, mais cet argent est détourné au ministère par je ne sais qui, au détriment des artistes que nous sommes », a-t-il martelé tout en annonçant son intention de quitter le BCDA. Sur le volet production, le tribalisme est venu ranger le monde musical. Kosmos évoque une coloration ethnique et tribale dans le showbiz. Il indexe, par ailleurs, l’absence d’organisation d’émulation, comme à l’époque, pour stimuler les talents. Si avec le Zaïre d’hier la concurrence était rude, le challenge demeure toujours mais semble être désormais au profit de l’autre rive mieux organisée. « Malgré nos efforts, nous subissons toujours l’invasion de la RDC parce que, entre les deux pays, l’interpénétration est très forte », a reconnu Kosmos.
Toutefois, il regrette l’immoralité qui caractérise la génération musicale aujourd’hui. Aussi a-t-il pensé que l’avenir de la musique de demain inquiète et elle doit être recadrée. De par les textes, la place des paroles a disparu au profit des Mabanga (dédicace. Avec le départ de Nganga Edo en juin dernier, d’aucuns estiment que Kosmos, auteur d'«Ebandeli Ya mossala » et bien d’autres titres à succès, est le seul pouvant remplacer ce patriarche parce qu'il détient la fibre musicale Bantou de la Capitale. Le préfet de Pointe-Noire, Honoré Mpaka, lors des derniers voyages de Kosmos dans la ville océane, venait de lui confier l’encadrement de l’orchestre les Publicains composé essentiellement des jeunes.
Enfin, Kosmos Mountouari a suspendu l’enregistrement en studio de son prochain opus. A l’ère de la pandémie du coronavirus, il pense que l’Etat devait recenser des studios pour les désinfecter à commencer par le micro jusqu’au dernier instrument.