Finances publiques : Sele Yalaghuli tient au respect des procédures en matière de la dépense publique

Lundi, Août 17, 2020 - 17:30

Depuis son arrivée à la tête du ministère des Finances, José Sele Yalaghuli a imposé rigueur et traçabilité dans l'utilisation des fonds publics et ne semblent pas convenir à ceux qui puisent dans le Trésor public et servent des intérêts personnels.

« Le pays a atteint un niveau infernal de déficit budgétaire évalué à environ 889 millions de dollars américains au cours de la période allant de janvier à mi-juillet 2020 ». Ce sont les propos de José Sele Yalaghulu, ministre des Finances de la République démocratique du Congo au « Webinaires Makutano ». Il a fait observer que la déconnexion entre le budget voté et sa réalisation a creusé le déficit par le fait d’une augmentation des dépenses sans contrepartie au niveau des recettes. Les recettes publiques se sont amenuisées au fil des mois pour le premier semestre de l’exercice 2020, alors que les dépenses de l’Etat sont parties crescendo, et cela a provoqué la dépréciation actuelle du franc congolais, car on a financé ces dépenses avec un niveau des ressources limité, a expliqué le ministre des Finances. Ceci traduit en fait l’état financier du pays où apparemment la dépense publique semble déraper. 

Et pourtant, José Sele a toujours demandé le respect des procédures en matière de la dépense publique. Aussi prône-t-il le suivi strict de la chaîne de la dépense publique, conformément aux instructions du président de la République de stopper tous les décaissements des fonds en dehors de la chaîne des dépenses, car il y aurait encore des dépenses publiques effectuées en faisant fi de la procédure. Au cours d’un entretien accordé au média en ligne Zoomeco.net, Il relève que l’incertitude politique et la covid-19 ont été les causes directes de ce déficit budgétaire, il y a eu financement en procédure d’urgence dans le cadre de la lutte contre la pandémie. José Sele Yalaghuli fait deux propositions, deux politiques pour contenir cette situation. Il n’est donc pas question de réinventer la roue en proposant une politique budgétaire. « Faire la politique de ses moyens, nous devons consommer ce que nous produisons et réduire le train de vie de l’Etat, réduire les dépenses superfétatoires et superflues », dit-il. Et comme cela doit se faire dans le cadre d’une coordination institutionnelle, le patron des Finances congolaise annonce la signature d’un pacte de stabilité entre le gouvernement et la Banque centrale du Congo afin d’éviter de creuser le déficit et de le couvrir avec les avances inflationnistes.

Pour contenir la situation actuelle des finances publiques et évoluer vers l’indépendance financière, Sele Yalaghuli met en exergue trois clés : le consensus politique (s’accorder indépendamment des bords politiques sur la stabilité du cadre macroéconomique), la refonte du système fiscal (le taux de pression fiscal est de 9% alors que la moyenne de l’Afrique subsaharienne de 20 %), et un véritable programme de relance économique (en plus du secteur minier, il faut s’ouvrir au secteur agricole). Pour le ministre des Finances, « il faut dépenser ce qu’on a et ne pas dépenser ce qu’on n’a pas » afin de préserver la stabilité du cadre macroéconomique. Sele Yalahuli parle en gros du courage politique, car ces clés sont des mesures qui vont heurter beaucoup de gens dans leurs petits intérêts individuels. Il souligne aussi la continuité dans les politiques et bannir la politique de « stop and go » (arrêter et redémarrer).

Par rapport à la gestion des fonds publics alloués à l’équipe de la riposte à la covid-19, le ministre des Finances précise qu’il y a eu deux décaissements par procédure d’urgence. Le Premier ministre a été saisi afin que les équipes techniques du ministère des Finances aillent contrôler la destination finale de ces fonds. Et le président de la République avait envoyé l’Inspection générale des finances (IGF) pour commencer à contrôler ces ressources. Et les missions de l’IGF sont suspensives de toutes les autres missions, y compris celles du gouvernement.

Mais au-delà de l’IFG, fait remarquer José Sele Yalaghuli, le ministère des Finances a l’obligation de la reddition des comptes. « Nous devons rendre compte sur l’utilisation des fonds publics (fonds propres du gouvernement ou des fonds obtenus des bailleurs de fonds). Les équipes de reddition des comptes vont aller sur le terrain ; car le ministre des Finances doit rendre des comptes à l’autorité budgétaire qu’est le Parlement, pas seulement les finances sur la covid-19, mais les autres dépenses car elles doivent être documentées », explique le ministre des Finances.

Depuis son arrivée à la tête des Finances nationales, notons-le, l'ancien patron de la Direction générale des impôts  a imposé un rythme de travail axé sur la rigueur et la traçabilité dans l’utilisation des fonds publics. Et cela semble troubler énormément ceux qui puisent dans le Trésor de l’Etat aujourd’hui bloqués et qui envoient toutes sortes de traits enflammés en sa direction alors que lui ne s’en tient qu'à la directive du président de la République de l’instauration d’un Etat de droit.

Martin Enyimo
Légendes et crédits photo : 
José Sele Yalaghuli, ministre des Finances
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